Billet MPM de juillet-août 2019

"Changer l'école, c'est pour quand ?"

La question peut paraître saugrenue en ces temps de réformite aigüe de la part d'un ministre de l'Education nationale qui vient de mettre la dernière main à une refonte complète du système éducatif, de la maternelle au baccalauréat.

C'est pourtant la question posée par la MPM dans le débat qu'elle a animé le dimanche 30 juin, dans le cadre du Festival Alternatiba, sous les grands arbres du parc Salvator. Au-delà, des critiques, des insatisfactions et des frustrations dont l'école est souvent l'objet, et dans le respect de ses fondements et de ses valeurs, la MPM a invité les participants à s'interroger et échanger à partir de la proposition suivante : Que peut-on faire, ici et maintenant, à notre niveau, pour faire advenir une "autre" école publique, laïque, gratuite… et désirable pour les élèves, les parents… et les enseignants ?

Changer l'école : ça veut dire quoi ?

La MPM était au
festival Alternatiba
de Mulhouse

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La pédagogie
du chef d'œuvre

2 rencontres

mardi 1er octobre 2019 :  à 18 h au lycée Roosevelt à Mulhouse

mercredi 2 octobre 2019 : à 14 h 30 à l'ESPE de Colmar

et un atelier (inscription obligatoire, en septembre)

mercredi 2 octobre 2019 à 8 h 30 au lycée Roosevelt à Mulhouse

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Lundi 14 octobre 2019

19 h au Centre sportif régional

Conférence de Serge Boimare

 "Retrouver l'envie d'apprendre"

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Il faut d'abord reconnaître, avec la première intervenante du débat, que tout n'est pas négatif dans notre système éducatif, loin s'en faut ! Et que l'immense majorité des enseignants souhaite pouvoir remplir au mieux sa mission de service public. Mais, aussitôt après ce constat, les autres participants ont surtout fait part de leur insatisfaction, de leur malaise, voire de leur souffrance, dans une institution dont ils évoquent les incohérences, les contraintes et les contradictions. Dans le même temps, ces mêmes personnes n'entrevoient pas les possibilités de faire autrement dans l'exercice de leur métier.

Pourtant, la MPM a montré, dans les rencontres-débats du 1er trimestre de cette année 2018-2019, que des changements radicaux peuvent se produire dans l'école. Que l'on songe (ou que l'on retrouve leur trace sur notre site) à la résurrection de l'école de Mons-en-Barœul, dans la banlieue de Lille, grâce à la cohérence éducative d'une équipe d'enseignants Freinet. Que l'on se souvienne aussi du projet de collège "révolutionnaire" qu'est venu nous présenter Jérôme Saltet (qui devrait bientôt ouvrir ses portes à Mantes-la-Jolie)… et qui a fait rêver plusieurs personnes dans le public.

A côté de ces alternatives pédagogiques réussies au sein de l'école publique, la démarche d'accompagnement des élèves mise en œuvre par un collectif du lycée Koeberlé de Sélestat nous a montré comment la collaboration entre enseignants et chercheurs peut constituer un levier de changement pour toute une équipe et ses élèves. Par ailleurs, nous connaissons tous, autour de nous, d'autres équipes de taille variable, des enseignants isolés qui mettent en place des pratiques, des démarches, des dispositifs qui contribuent au changement à différents niveaux et à différentes échelles du système éducatif. Des initiatives souvent méconnues et cependant porteuses de réels changements dans le quotidien des différents acteurs de l'école.

Comme on pouvait s'y attendre, les échanges se sont clos sans avoir répondu à la question posée, et chacun est reparti sans perspective de changement à court terme. Mais plusieurs personnes ont exprimé leur satisfaction d'avoir pu parler de leurs difficultés à donner du sens à l'exercice de leur métier et d'avoir pu les partager avec d'autres dans un temps hélas trop court (voir la "trace" de la journée Alternatiba).

Changer l'école : par quel bout commencer ?

En fait, le besoin de changement unanimement exprimé par les participants au débat a très vite butté sur les difficultés à envisager la place de chacun dans ce changement. Comme si toute perspective de mutations sur le terrain ne pouvait venir que de l'institution.

Un constat qui entre en résonance avec une interrogation qui a été au centre d'un récent colloque international organisé par la Revue internationale d'éducation de Sèvres : "Réformer l'éducation a-t-il encore un sens ?" François Jarraud en a rendu compte dans l'Expresso du Café pédagogique du 13 juin en rapportant les propos de trois universitaires étrangers qui, chacun à sa façon, montrent l'inefficacité du modèle de réforme de l'école par le haut, qui fait de la France un cas à part au plan international.

Pour l'un d'eux, "l'action politique est plus centrée sur le processus de changement et plus réticulaire… Le processus de production des politiques éducatives est moins envisagé comme résultant d'une action gouvernementale et davantage comme un processus complexe ayant plusieurs pôles". Pour lui, il faut abandonner l'idée de réforme mais comprendre qu'il y a une métamorphose de l'éducation qu'il importe de soutenir en laissant émerger de nouveaux environnements éducatifs capables de renforcer la participation au niveau local.

Pour un autre, "la réforme éducative réussie est une action publique partielle aux effets négatifs indésirables limités qui permet à un groupe d'acteurs de se coordonner de façon constructive et de se professionnaliser pour atteindre des objectifs communs, que le résultat soit efficace ou pas". Une définition qui tourne le dos à la grande réforme à la française. Comme si réformer en vrai l'école c'était avoir vraiment confiance dans les acteurs de l'école…

A condition que les acteurs aient eux-mêmes confiance dans leurs capacités à œuvrer au changement de l'école par le bas. En sachant qu'il faut du temps et de la détermination pour construire des pratiques qui ont du sens pour l'enseignant et pour les élèves, en cohérence avec les finalités de l'école.

A chacun d'utiliser au mieux sa liberté pédagogique et les marges de manœuvre dont il dispose dans l'institution pour oser faire de la pédagogie un levier de transformation de l'école dans sa classe, dans son établissement. Pour cela – comme l'ont souligné plusieurs participants au débat - il importe de ne pas rester isolé dans son coin avec ses convictions, ses hésitations, ses pratiques pédagogiques…

Changer l'école, c'est maintenant, avec la MPM !

La MPM est là pour permettre à celles et ceux qui veulent contribuer, à leur niveau, ici et maintenant, à changer l'école – modestement mais sûrement - de se rencontrer, d'échanger, de trouver des ressources…

D'ores et déjà, la MPM donne deux grands rendez-vous pour nourrir la réflexion et les initiatives pédagogiques de chacun et prendre un bon départ pour la prochaine année scolaire :

  • le mardi 1er octobre : une rencontre-débat sur la pédagogie du chef d'œuvre (en partenariat avec l'ICEM68 et l'OCCE68), avec deux praticiens-chercheurs belges, Léonard Guillaume et Jean-François Manil ; cette soirée sera suivie d'un atelier le lendemain matin animé par les mêmes intervenants
  • le lundi 14 octobre : une conférence de Serge Boimare (en partenariat avec le CME) sur la thématique "Retrouver l'envie d'apprendre"

La MPM peut ainsi devenir un lieu d'information, de rencontres et d'échanges pour toutes celles et tous ceux qui veulent contribuer à faire advenir, sur le terrain, une école qu'Eirick Prairat qualifie d'"habitable" dans un entretien à l'Expresso du 27 juin dernier. Pour lui, "c'est la qualité et la forme que prend l'accueil et qui transforme l'impératif de venir s'instruire en une invitation à se cultiver."

Et ce défenseur de l'école publique, gratuite et laïque, de clore : "L'école, en tant que lieu de vie, invite l'élève à prendre part à la mise en œuvre de dispositifs qui facilitent la vie studieuse. Il s'agit de rendre l'école habitable en donnant à l'élève un pouvoir qui lui donne prise sur son quotidien. Car, habiter un lieu, c'est se l'approprier. Un élève doit pouvoir dire en son for intérieur : cette école, c'est la mienne."

Mais, pour l'heure, la MPM souhaite un bel été aux lectrices et aux lecteurs de ses billets, en les invitant à glisser dans leur valise, leur sac à dos, leur sac de plage ou sous le coussin de leur chaise longue ,au moins l'un des trois ouvrages suivants :

  • Léonard Guillaume, Jean-François Manil, Charles Pepinster, Du chef d’œuvre pédagogique à la pédagogie du chef d’œuvre, Introniser en humanité, Lyon : Chronique Sociale, 2018
  • Serge Boimare, Retrouver l'envie d'apprendre, Comment en arriver à une école de la réussite pour tous, Dunod, 2019
  • Olivier Maulini, Eduquer entre engagement et lucidité, ESF Sciences Humaines, 2019.

 

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