Billet MPM Juilllet Août 2021

Ȧ la MPM, l’Éducation nouvelle est à tous les étages

Les fidèles lecteurs du Billet mensuel de la MPM – s’il en existe – le savent : 2021 est l’année du 100^e anniversaire de la création de la Ligue internationale de l’Éducation nouvelle (LIEN).

Depuis son ouverture et l’intervention de Loïc Chalmel, professeur en sciences de l’éducation à l’UHA, la Maison de la Pédagogie de Mulhouse se propose d’être un « lieu pour réinventer l’Éducation nouvelle » : les rencontres et les ateliers qu’elle met en place s’inscrivent le plus souvent dans cette mouvance porteuse de convictions et de pratiques pédagogiques fortes, encore souvent qualifiées de « novatrices » ou d’ « innovantes » dans et hors l’École. Ce fut tout particulièrement le cas en cette fin d’année. Ce devrait l’être encore plus nettement à la prochaine rentrée.

Une fin d’année féconde

Le recours au distanciel nous a permis de maintenir jusqu’au bout de cette année difficile le programme de nos activités ; et il aurait été dommage de ne pas avoir pu profiter de celles de ce mois de juin.

La rencontre-débat du 17 juin avec Benoît Falaize sur la question de la diversité culturelle à l’école a été très appréciée. Il faut dire que notre interlocuteur était particulièrement bien placé pour nous éclairer sur un sujet aussi sensible et aussi dépendant des regards qui sont portés sur lui.

Enseignant, formateur, chercheur et aujourd’hui inspecteur général de l’Éducation nationale, Benoît Falaize a commencé par un rappel socio-historique très documenté de la question et de son évolution : comment la diversité culturelle, d’abord bien accueillie à l’école, est devenue  une source de tensions. Il a ensuite présenté les ressources d’ordre institutionnel et juridique qui sont à la disposition des personnels. Enfin, en s’appuyant sur une solide connaissance du terrain, il a montré comment la pédagogie, en tant que posture et ensemble de démarches et de pratiques, peut contribuer à la lutte contre les discriminations (et pas seulement celles liées à la diversité culturelle). Tous ces apports seront consignés dans une « trace » encore en cours d’élaboration.

Mais il y a plus : c’est le regard que Benoît Falaize porte sur la prise en compte de la diversité culturelle à l’école et sur la confiance (non pas décrétée d’en haut, mais fondée sur ses observations de terrain) qu’il place dans la capacité de certaines équipes à transformer des établissements situés en zones sensibles en « territoires vivants de la République » (pour reprendre le titre de l’ouvrage de 2018 auquel il a contribué). Ce qui ressort de cette belle soirée, c’est cette foi (laïque et raisonnée) dans la capacité de la pédagogie à faire vivre, localement, les valeurs de la République à l’école. Une invitation à faire de chaque établissement scolaire, de chaque collectivité, un territoire vivant de la pédagogie.

« Petite enfance et grands pédagogues » : c’était l’intitulé de la rencontre du 21 juin, entre grands pédagogues d’hier et praticiens d’aujourd’hui (toujours en partenariat avec le REZO!).

Cette dernière rencontre de l’année fut aussi une première : pas de découverte d’une nouvelle figure tutélaire de la pédagogie, mais trois témoignages pour présenter trois temps du développement et de l’éducation du petit enfant selon trois références pédagogiques différentes : du ventre de la mère à la crèche avec la pédagogie Pikler, au jardin d’enfants avec la pédagogie Steiner, à l’école maternelle avec la pédagogie Freinet.

Après chaque témoignage, une mise en perspective pour montrer comment chaque séquence contribue, dès la petite enfance, à la rencontre avec soi, avec les autres et avec le monde. Et, à chaque fois, a été posée la question de la transférabilité, dans la suite du cursus scolaire, des pratiques favorables au développement d’un rapport au savoir ouvert aux apprentissages. Jusqu’à se demander s’il ne serait pas possible, à partir de tels témoignages, d’identifier empiriquement des invariants pédagogiques transversaux, de la crèche à l’université… et peut-être même tout au long de la vie… Voir la trace de cet atelier.

Des perspectives que l’on peut espérer réjouissantes pour la pédagogie et pour l’éducation

Les précédents Billets MPM s’en sont déjà fait l’écho à différentes reprises. Les dernières informations semblent nous donner raison d’être modérément optimistes.

Le lancement de « Convergences pour l’Education nouvelle» a eu lieu à Calais le samedi 3 juillet.

Dans l’Expresso du Café pédagogique du 30 juin, Philippe Meirieu présentait les enjeux de ce mouvement créé le 6 mars dernier à l’initiative de 8 mouvements pédagogiques et d’éducation populaire :

«  Cette convergence correspond au 100^e anniversaire du congrès de Calais qui voulait mobiliser pour l'éducation à la paix.  Nous vivons aujourd'hui un moment qui est aussi crucial avec la nécessité de mobiliser ceux qui croient en une éducation à une société authentiquement démocratique.  On doit faire face à la montée de l'individualisme et du communautarisme, à la marchandisation de l'éducation, au travestissement ou à l'abandon des politiques publiques d'égalité des droits. Toutes ces menaces font peser de lourds dangers. Il est plus que jamais nécessaire que des mouvements pédagogiques unissent leurs forces pour faire entendre leur voix. »

Dans un premier temps, l’objectif est la rédaction d’un manifeste à partir de ce qui rassemble les mouvements issus de l’Education nouvelle, à la fois pour peser dans le débat public et inviter d’autres structures, des associations à rejoindre Convergences. L’ambition est forte. Espérons que la suite sera à la hauteur de l’espérance qu’elle a suscitée chez toutes celles et tous ceux qui œuvrent de façon isolée pour une éducation en phase avec les grands défis de notre temps.

Le 9 octobre prochain, c’est la fête de la pédagogie avec la MPM !

Depuis son ouverture, en février 2015, la MPM n’a jamais manqué d’afficher son intérêt et son attachement aux pratiques et aux valeurs de l’Éducation nouvelle. Des personnes venues d’horizons pédagogiques différents y cohabitent, y échangent en s’enrichissant des différences des uns et des autres. En cela, elle est, depuis 5 ans déjà, une manifestation de ce souci de faire converger les acteurs de l’éducation désireux de faire de la pédagogie un levier du changement pour une éducation réellement émancipatrice et porteuse de sens pour tous les jeunes.

La MPM n’a donc pas attendu le 6 mars pour décider de fêter les 100 ans de l’Éducation nouvelle en même temps que les 5 ans de l’association. Initialement prévue le 10 avril, cette manifestation a dû être reportée à cause de la pandémie. Si tout va bien, elle aura lieu le samedi 9 octobre, toute la journée, au Moulin Nature de Lutterbach, avec la participation annoncée de 8 mouvements pédagogiques ou structures éducatives locales. Il s’agira alors de se demander si la MPM est un « lieu pour réinventer l'Éducation nouvelle » ou pour inventer une nouvelle Éducation nouvelle. Les inscriptions seront ouvertes sur le site à partir de la rentrée.

Mais d’abord, bel été à toutes et à tous en attendant le plaisir de nous retrouver pour de vrai à la rentrée. Entre temps, la boîte aux lettres numérique de la MPM reste ouverte à toutes celles et tous ceux qui auraient envie de partager des lectures, des suggestions, des projets, des rêves…

Ȧ lire aussi, la trace de la "Rencontre avec les grands pédagogues" du 31 mai : Pédagogie et efficacité

• Pour s’inscrire aux ateliers, pour contacter la MPM…  Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

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