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Billet MPM Mai 2021
La MPM entre approche micro et approche macro
de la pédagogie et de l’éducation
Il y a un an déjà, une fois passé le premier « pic » de la pandémie, la MPM lançait son enquête sur la façon dont les enseignants, les éducateurs, les formateurs avaient vécu l’expérience totalement inédite et imprévue de ce que nous appelons maintenant communément le « distanciel ». Nous étions alors nombreux à penser - et pas seulement à la MPM – que plus rien ne serait comme « avant » dans les domaines de l’éducation, de l’enseignement, de la formation. Les résultats de notre enquête mettaient notamment en évidence l’importance du lien dans la relation éducative et faisaient apparaître des perspectives d’évolution prometteuses du système éducatif. (les résultats de l’enquête)
Depuis, les acteurs de terrain (professionnels de l’éducation, élèves, parents) ont tenu bon, les yeux et les oreilles rivés sur les cartes et les chiffres de la pandémie, ainsi que sur les annonces des responsables politiques, au premier rang desquels, le ministre de l’Éducation nationale. Un présent envahissant peu propice aux projections à moyen ou à long terme…
De son côté la MPM a appris à composer avec le « distanciel » pour maintenir le rythme de ses activités, entre rencontres-débats et ateliers. Même avec leurs « couacs », les visio-conférences ont permis de garder à la fois le contact avec les curieux de pédagogie et de prendre de la distance avec une actualité dont il n’est pas toujours facile de percevoir le sens.
En mai, continuer de scruter à la loupe l’entrecroisement des fils de la pédagogie et de l’éducation dans nos ateliers
Pas de rencontre-débat au programme de ce mois de mai. Mais celles et ceux qui ont raté celle d’avril sur les Cordées de la réussite à Mulhouse peuvent se reporter à la « trace » de la soirée animée par Nicole Adloff (vers la trace). En revanche, deux ateliers poursuivent leur cheminement dans la durée.
« Education et citoyenneté », le lundi 10 mai, en partenariat avec le Rezo! et l’ICEM68.
Depuis son ouverture, ce chantier a fait entrer deux nouvelles notions dans le couple initial : d’abord celle d’empowerment en tant que processus d’augmentation de la capacité à agir sur soi et sur son environnement dans une perspective de changement ; puis celle d’accompagnement en tant que posture spécifique d’intervention dans le champ social, éducatif ou autre…
Il s’agit maintenant de poursuivre la réflexion sur un terrain dont les 4 pôles sont, outre l’éducation et la citoyenneté, l’empowerment et l’accompagnement : est-il possible d’identifier des démarches susceptibles de permettre, à celles et ceux qui le désirent, de se donner les moyens d’avoir davantage prise sur le monde dans lequel ils vivent et contribuer, en tant que citoyen actif, à son amélioration ? À l’école, dans les associations (et ailleurs), quelles situations proposer aux jeunes (et aux moins jeunes) pour leur faire vivre l’expérience de la citoyenneté dans l’ici et maintenant de leur quotidien ?
Rien de spectaculaire dans tout ça, mais l’envie de comprendre comment la pédagogie peut, de façon explicite ou non, favoriser l’articulation entre le savoir, le pouvoir et le vouloir agir pour un monde meilleur.
« À la rencontre des grands pédagogues », le 31 mai, en partenariat avec le Rezo!
Comenius était l’ « invité » de la dernière rencontre, celle du 19 avril, qui marquait le début de la 4e saison de cet atelier ouvert en avril 2018. Les participants ont unanimement salué le caractère pionnier des conceptions et des pratiques de celui que l’on peut considérer comme le précurseur de la pédagogie moderne.
Mais l’intérêt de ces rencontres réside aussi (et surtout ?) dans les résonances que les participants établissent entre les grandes figures de notre patrimoine éducatif et les situations vécues aujourd’hui par les praticiens ou leurs « ex-pairs » (pour reprendre la belle formule de Philippe Meirieu). Ces rencontres donnent ainsi lieu à des échanges d’autant plus nourris que les participants viennent d’horizons professionnels et de références pédagogiques variés.
Plusieurs fois au cours de cette rencontre autour de Comenius, et en référence à l’intitulé de l’atelier consacré aux « grands » pédagogues, est revenue la notion d’« efficacité ». Celle-ci est donc au centre de la séance du 31 mai : pas de « grand » pédagogue à l’affiche, mais une question qui permet de revisiter les pratiques éducatives d’hier et d’aujourd’hui : « Qu’est-ce que l’efficacité en pédagogie ? » Une question totalement ouverte sur les finalités de l’école et des structures périscolaires (la présentation de la rencontre).
Elargir le champ de vision pour être attentifs à ce qui se passe à l’extérieur de la MPM
Les rencontres-débats et les ateliers sont la partie émergée de l’activité de la MPM. Le Comité d’animation (à ne pas confondre avec un Conseil d’administration), essaie d’être le plus à l’écoute possible de ce qui se fait, se dit, se passe dans le monde de l’éducation et de la pédagogie, en résonance avec ses préoccupations. Il joue ainsi un rôle de veille et de recueil des informations susceptibles de nourrir, enrichir ses réflexions, dégager des pistes de travail.
Des écoles alternatives naissent autour de nous…
Ainsi, au cours des mois précédents, la presse locale a mis en avant plusieurs initiatives dans le domaine des pédagogies et des écoles dites « alternatives » :
- « Brunstatt-Didenheim : l’école Montessori en vitesse de croisière », titre L’Alsace du 5 mars ;
- « Bartenheim-la-Chaussée : après l’école, l’association Tzama va créer un collège alternatif », titrent de leur côté les DNA du 4 mars ;
- une autre initiative est révélée dans les DNA du 6 mars : « L’Odyssée : première école alternative jusqu’au bac ? » (à Niedernai, dans le Bas-Rhin) ; les auteurs du projet souhaitent mettre en œuvre une pédagogie qui serait un mixte de Montessori, Freinet et Steiner.
L’essor de l’instruction en famille…
« Que nous apprend l’essor de l’instruction en famille (IEF) ? » interroge l’Expresso du Café pédagogique du 17 avril, à partir de deux articles du n° 45 de la revue Éducation et Sociétés.
Christine Brabant (Université de Montréal) s’intéresse aux raisons de ce choix : à côté de celles que l’on peut qualifier de positives, elle en relève trois connotées négativement : le rejet de la compétition et de l’évaluation scolaires, les trop longues durées scolaires et les violences éducatives à l’école.
D’où l’idée, poursuit l’auteure, que ces groupes pratiquant l’IEF sont indispensables à l’amélioration des systèmes éducatifs : « L’intérêt d’étudier ces groupes, du point de vue d’une gouvernance réflexive, tient justement à l’image d’elle-même qu’ils renvoient à l’institution par un effet de miroir créé grâce à leur extériorité. De plus, par leur recherche de nouvelles solutions aux défis rencontrés, ils offrent à l’institution une possibilité d’apprendre de leurs expérimentations et de les intégrer dans son développement ».
Pédagogies alternatives et école publique
Tout récemment encore, le n° de Télérama du mercredi 21 avril, consacre un article bien documenté aux pédagogies alternatives, avec cette question : « Pourquoi cette folie pour la pédagogie Montessori ? » Cet article propose un tour d’horizon synthétique de quatre pédagogies alternatives (Decroly, Freinet, Montessori et Steiner) et des raisons qui propulsent Montessori sur le devant de la scène de ces pédagogies. Pour l’historienne Laurence De Cock, (citée dans l’article), « Montessori colle avec la logique consumériste vis-à-vis de l’école. La réussite de mon propre enfant passe avant l’intérêt général ».
Ceci au moment où les dernières instructions officielles veulent faire de l’école maternelle le lieu de la préparation des enfants aux apprentissages fondamentaux, à grands renforts d’évaluations systématiques. On est très loin de l’esprit Montessori. « Et ce retour aux méthodes d’antan de l’institution risque d’accélérer la fuite des familles en quête d’alternative, qui ont les moyens de se tourner vers des écoles novatrices ».
Ainsi y a-t-il, entre ces différentes alternatives éducatives, d’autres convergences que celles exprimées au grand jour, en mars dernier, sous ce même vocable de « Convergences », par l’initiative de plusieurs mouvements pédagogiques pour réinventer l’Éducation nouvelle (et dont le Billet MPM d’avril s’est fait l’écho). Nous sommes bien là en présence de deux courants de fond qui, chacun à sa façon, interrogent l’école publique dans son organisation, sa forme et ses pratiques pédagogiques.
Il y a là de quoi alimenter de beaux débats au sein de la MPM et éclairer les réflexions et les propositions pour l’école « d’après ».
- Pour s’inscrire aux ateliers, pour contacter la MPM…
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