La MPM, l’éducation, la pédagogie et l'école au temps du coronavirus…
Qu'est-ce que la pédagogie ? |
"Vous faites quoi à la MPM ?" |
Avant même la sortie de l’épreuve imprévue et imprévisible du confinement dû à la pandémie du (ou de la) covid 19, au printemps dernier, nous avons été nombreux à penser qu’il y aurait une école d’avant et une école d’après.
Et puis…
L'école dans la tourmente
À la rentrée de septembre, enseignants et élèves ont, dans leur grande majorité, repris le chemin de l’école et se sont retrouvés avec satisfaction en présence des uns et des autres. Mais force est de constater que le respect des « gestes barrières » change considérablement la donne. Les conditions d’exercice du métier sont telles que la plupart des enseignants – mais aussi des éducateurs – en sont réduits à des gestes et des pratiques qui leur permettent avant tout de « tenir » : la survie professionnelle au jour le jour passe avant la perspective de l’innovation pédagogique. Quand on a « la tête dans le guidon », difficile de se projeter dans l’avenir…
Et puis, le 16 octobre, à la veille des congés de la Toussaint, un enseignant a été assassiné à la suite d’un cours sur la liberté d’expression. Parmi les réactions, celle-ci, adressée à la MPM par une mère d’élèves qui avait participé au « Grand Débat » que nous avons organisé en mars 2019 : « Un enseignant ne devrait pas mourir d’enseigner ». De quoi partir « en vacances » la tête pleine d’incompréhensions et de questions sur la façon se retrouver les élèves le 2 novembre…
Et puis, le 28 octobre, l’annonce d’un re-confinement (le second ou le deuxième ?) avec maintien de l’ouverture des crèches et des établissements scolaires pour au moins un mois.
On comprend que, dans ces conditions, l’école « d’après » n’est pas à l’ordre du jour des préoccupations prioritaires des enseignants, des éducateurs, des formateurs.
Alors, que peut proposer la MPM dans ce contexte si pesant ?
Continuer à apprendre de l’expérience de l’enseignement à distance
C’était déjà l’objectif de l’enquête réalisée localement par la MPM fin avril et début mai, disponible sur notre site (Voir avec ce lien les résultats de l’enquête sur l’expérience de l’enseignement à distance pendant le confinement ). Malheureusement, pour la raison évoquée ci-dessus, la rencontre-débat du 1er octobre n’a pas permis d’en recueillir les fruits pour les acteurs de terrain. En attendant la trace écrite, quelques images et le diaporama de la soirée sont visibles sur ce lien.
C’est un regard plus « surplombant » sur les potentialités et les limites des usages du numérique dans l’enseignement et l’éducation à distance que nous a proposé Bruno Devauchelle dans sa visioconférence du 12 octobre (en partenariat avec le CME). Une intervention doublement à distance, à la fois par les kilomètres séparant Lyon de Mulhouse et par le décalage entre des praticiens aux prises avec un présentiel source de frustrations et un intervenant invité à partager son expérience et son savoir sur ce que l’on appelle maintenant le distanciel.
Cette conférence a permis de resituer l’enseignement à distance dans sa dimension historique et d’insister sur le caractère « hors norme » de l’expérience massivement vécue au printemps dernier par tous les enseignants, éducateurs, formateurs de France et de Navarre. Tout en rappelant l’absolue nécessité du présentiel dans le processus d’enseignement-apprentissage, Bruno Devauchelle a tenu à montrer en quoi le recours au numérique dans l’enseignement à distance constitue une « augmentation des possibles » au service des apprentissages.
Mais B. Devauchelle n’a pas manqué de souligner que, pour l’heure, l’expérience du confinement n’a pas encore donné lieu à l’émergence d’un nouveau modèle pédagogique. Il a insisté pour dire que le distanciel est porteur d’interactions qui peuvent se révéler fort précieuses pour les élèves, et qu’il convient d’en travailler les spécificités par rapport à celles qui se déroulent en en situation de co-présence physique des acteurs. Comme l’a souligné notre interlocuteur à plusieurs reprises, l’hybridation du présentiel et du distanciel passe par « un assouplissement de la forme scolaire »… qui suppose la levée de certains « verrous » institutionnels.
(En plus de la trace de cette visioconférence du 12 octobre (visible avec ce lien), il est toujours possible de visionner la vidéo introductive réalisée par B. Devauchelle (en cliquant sur ce lien)
Poursuivre et approfondit la réflexion pédagogique, autant que faire se peut…
Avec le re-confinement, ce sont toutes les réunions publiques qui sont interdites et nous privent de rencontres pendant tout ce mois de novembre (au moins). Il nous faut donc revoir le programme des activités inscrites à notre calendrier.
À la rencontre des « grands » pédagogues
Lors de leur séance de rentrée, les personnes présentes ont exprimé le souhait de poursuivre, pour la 3e année, la découverte de celles et ceux que l’on nomme « grands pédagogues », à partir des petits documentaires réalisés par Philippe Meirieu.
Le lundi 2 novembre, c’est Roger Cousinet (1881-1973) qui était invité à nous faire part de sa conception du travail de groupe : une conception radicale et exigeante qui s’inscrit bien fans le courant de l’Education nouvelle, avec toute son ambition émancipatrice.
La MPM vous tiendra au courant de ses prochaines programmations dès que possible |
L'Assemblée de la MPM est reportée à une date ultérieure, lorsque les conditions sanitaires autoriseront la tenue d'une réunion avec la présence des participants |
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Échanges sur les rapports entre éducation et citoyenneté
Cela fait un moment que cette thématique préoccupe la MPM, le Rézo! et I’ICEM68. Ce fut d’abord une réflexion à partir de l’intitulé : « L’éducation à la citoyenneté, l’affaire de tous et de chacun », puis un atelier « Former à la citoyenneté : oui, mais comment ? ».
Maintenant, c’est tout simplement « Education et citoyenneté » : un espace de réflexion ouvert à toutes les personnes pour lesquelles ces deux termes font écho entre eux et avec leurs interrogations et leurs pratiques dans leurs lieux d’intervention et/ou d’implication. Des séances qui se déroulent selon la démarche des échanges réciproques de savoirs, chère au Rezo!. Des séances dont les sujets sont définis par les participants eux-mêmes, d’une fois pour l’autre.
La séance du lundi 9 novembre était centrée sur la distinction entre citoyenneté et civisme car, pour reprendre la formule attribuée à Albert Camus, « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ».
Une rencontre-sur la pratique du débat à l’école
La formule ci-dessus prêtée à Camus pourrait aussi bien s’appliquer à la définition du « débat », tant ce terme renvoie aujourd’hui à des réalités aussi différentes que la campagne présidentielle aux Etats-Unis, à de nombreuses émissions de télévision, au « Grand Débat » organisé au printemps 2019 à la suite de la révolte ses « gilets jaunes » ou encore aux controverses scientifiques sur la façon de se protéger du coronavirus.
Ce qui nous intéresse, à la MPM, c’est le débat en tant que pièce maîtresse de la vie démocratique et de l’exercice de la citoyenneté. Pour Olivier Maulini, professeur de sciences de l’éducation à l’université de Genève, permettre à chacun de contribuer aux débats sur le monde dans lequel il vit et celui de demain constitue l’une des finalités de l’école et de l’éducation.
Cependant, en France, la pratique du débat n’est pas fréquente à l’école… Et nous avons besoin de comprendre cette carence, mais aussi les enjeux d’une pratique que l’historien Michel Winock considère comme essentielle à une « pédagogie de la liberté ».
C’était l’objet de la rencontre-débat du jeudi 26 novembre, initialement prévue le 2 avril, reportée à la fin mai, puis à l’année suivante. Espérons que, cette 3e programmation sera la bonne et que nous allons enfin réussir à accueillir Jean-Luc Denny, formateur à l’INSPE (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation) de Strasbourg, et auteur d’une récente thèse de doctorat sur le sujet.
Une rencontre reportée pour la 3e fois, dans l’attente de jours meilleurs. Et pourtant, une rencontre sur une thématique d'une grande actualité… et qui le restera longtemps encore…
Sans oublier l’Assemblée générale de la MPM
Ce temps fort de la vie de la MPM, ouvert à toutes celles et tous ceux qui sont intéressés par le fonctionnement et les activités de l’association devait se tenir le mercredi 18 novembre, au Carré des associations.
Au moment de mettre ce billet en ligne sur notre site et de le diffuser dans nos réseaux, il n’est possible de dire ce qui sera maintenu, modifié ou annulé… La MPM fera de son mieux pour être « présente » pendant cette nouvelle épreuve et rester « ouverte » à celles et ceux qui voudront échanger et partager leurs demandes, leurs réflexions, leurs suggestions… à distance.
Pour réagir ou contacter la MPM :
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