" La MPM par temps de confinement : fermée, mais toujours grande ouverte sur l’éducation, l’école et la pédagogie  "

Qu'est-ce que
la pédagogie ?
 
"Vous faites quoi
à la MPM ?"

Depuis ses premiers billets mensuels, la MPM a toujours affiché son indépendance – et celle de la pédagogie – par rapport aux remous de l’actualité, qu’elle soit éducative, médiatique ou politique

Mais il en va différemment avec la crise sanitaire galopante liée à la pandémie du coronavirus qui n’épargne aucun secteur de la vie sociale. Tout le monde est invité à vivre dans le court terme, au jour le jour.

La MPM n’échappe pas à cette tempête génératrice de la plus grande incertitude. Elle n’a pas attendu les discours et les directives officielles pour que les amateurs de pédagogie respectent les consignes de confinement.

Les activités au programme de mars et d’avril sont suspendues

C’est notamment le cas de la rencontre-débat "Faire débattre les élèves, un enjeu éducatif : pour quoi ? Comment ?", présentée dans le précédent billet. Initialement prévue le jeudi 2 avril, il nous a très vite semblé pertinent de la reporter à une date ultérieure, afin de permettre  au plus grand nombre d’y participer dans les meilleures conditions. C’est l’intervenant lui-même, Jean-Luc Denny, qui a proposé le jeudi 28 mai en espérant que, d’ici là, la vie aura pu reprendre son cours "normal".

Début mars, la fermeture de tous les établissements d’éducation du Haut-Rhin, avait entraîné ipso facto l’annulation de la "Rencontre avec les grands pédagogues" dont Françoise Dolto était l’invitée : le collège Bel-Air, qui nous accueille habituellement n’était plus à même de nous héberger et nous ne voulions faire prendre à personne le risque d’une contamination, dans quelque endroit que ce fût.

Quant à la séance du groupe "Eduquer à la citoyenneté : oui, mais comment ? ", fixée au lundi 6 avril, l’incertitude est encore trop grande sur l’évolution de la pandémie pour nous risquer à la maintenir, à quelques jours seulement des vacances de printemps.

Ces deux dernières activités sont reportées sine die et donc, ni face-à-face ni côte-à-côte, en avril à la Maison de la Pédagogie.

 

À la rencontre des grands pédagogues (suite) : Françoise Dolto  

RENCONTRE REPORTEE

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La séance du groupe

"Eduquer à la citoyenneté : oui, mais comment ? "

fixée au lundi 6 avril 2020

est reportée

 
 
 

Rencontre débat : Faire débattre les élèves, un défi éducatif : pour quoi, comment ?

 

Jeudi 28 mai

de 18 h 30 à 20 h 45

au Lycée Roosevelt

17, Boulevard du Président Roosevelt

à Mulhouse


 

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Mais la MPM garde le contact avec les amateurs de pédagogie

En période de confinement généralisé, et dans l’attente de jours meilleurs, il est toujours possible de fréquenter la MPM en se rendant sur son site pour retrouver, par exemple,  les traces des dernières rencontres :

La MPM invite aussi les lecteurs de son billet à prendre connaissance de contributions susceptibles de leur fournir des éclairages sur certains aspects éducatifs et pédagogique de la situation exceptionnelle que nous traversons, en s’appuyant notamment sur l’Expresso du Café pédagogique. Ainsi, dès le 9 mars, François Jarraud, directeur de cette revue en ligne, montre comment l’épidémie est un "révélateur des problèmes de l’école", particulièrement autour des deux thématiques suivantes :

  • la place du corps à l’École : l’auteur dénonce des conditions sanitaires (comme me manque fréquent de savon) qui empêchent de faire respecter les règles les plus élémentaires d’hygiène, notamment en cas d’épidémie. Pour lui, "la question de l'hygiène renvoie aussi bien à la culture scolaire, tournée vers le savoir intellectuel et ignorant le corps, qu'au climat scolaire et au style de gestion des établissements" ;
  • la place des parents dans l’École : communiquer avec les parents par temps de confinement n’est pas simple, surtout à l’école primaire, par manque d’outils. "Mais demain [les directeurs] vont découvrir que l'outil ne vaut que par ses contenus. Si l'on veut vraiment pouvoir communiquer avec tous les parents il va falloir trouver quoi leur dire et qui va leur dire".

Rappelons que ces deux aspects avaient été clairement évoqués lors de la rencontre organisée par la MPM en mars dernier, dans le cadre du "Grand Débat national".

Dans les semaines et les mois à venir, le confinement imposé par la pandémie continuera sans aucun doute de nous apporter son lot de révélations sur les dysfonctionnements de notre système éducatif… et peut-être aussi des motifs d’espérer ou de s’inquiéter quant à son devenir.

Le confinement comme invitation à (re)penser l’école et la pédagogie ?

Dans les Cahiers pédagogiques, sur le Net et dans les réseaux sociaux, les mises à disposition de ressources numériques fleurissent pour pallier  la fermeture des établissements scolaires. Tout au long de la semaine du 16 au 20 mars, l’Expresso a publié des contributions qui portent un regard plus distancié sur la capacité du numérique à assurer la continuité pédagogique.

C’est l’objet de l’article de Bruno Devauchelle en date du 17 mars : "La continuité pédagogique repose d’abord sur la proximité. C’est pourquoi il est nécessaire de repartir de l’ensei-gnant et de ses élèves pour la penser. Si certains pensent qu’il suffit de mettre à disposition des ressources de quelque nature que ce soit, ils oublient les débuts de la FOAD où certains pensaient qu’en mettant en ligne des PDF (et maintenant des cours en vidéo) cela suffirait… En réalité il n’en est rien. La relation pédagogique est une forme de contrat qui est constamment interrogé dans le quotidien de la classe et qu’il faudra interroger aussi dans la situation actuelle : comment redéfinir le contrat pédagogique entre les enseignants, les élèves et les familles ".

Dans l’Expresso du 19 mars, Jean-Louis Durpaire (Université Paris Cergy) prend le relais en invitant les enseignants à encourager le travail coopératif des élèves à distance.  Il rappelle fort à propos que, en 2014, François Durpaire et Béatrice Mabilon-Bonfils avaient en quelque sorte anticipé la situation imposée par le confinement dans leur ouvrage "La fin de l’école". "Ils nous proposaient d’entrer dans l’ère du "savoir-relation", "d’introduire le temps nécessaire à la réflexivité, la distanciation, la compréhension (…) mais aussi d’ "apprendre le nous : le bonheur d’être avec l’autre".  Un bonheur dont on ne peut faire l’expérience que dans un faire et apprendre ensemble, dans le vécu commun de l’espace-temps scolaire ou, plus largement, éducatif.

À ce stade, impossible de ne pas penser à Edgar Morin qui, dans la conclusion de Enseigner à vivre  (Actes Sud, 2014), réaffirme le rôle de l’école et de l’enseignant dans une société du numérique : "En dépit de toutes les communications par vidéos, Skype et autres, il manque à Internet la présence physique, charnelle, psychique, active, réactive et rétroactive de l’éducateur, non comme auxiliaire, mais comme chef d’orchestre qui permet de considérer, critiquer,  organiser les connaissances d’Internet. Il dépend de nous de civiliser cette révolution en y introduisant l’Eros du  chef d’orchestre" (p. 119).

Bien avant la fermeture des établissements scolaires pour cause de pandémie, ces auteurs entendent (re)donner à l’école et à la pédagogie toute leur dimension éducative faite de relations, de proximité, de présence entre enseignants, éducateurs et élèves.

Le confinement… et après ?

Au bout de deux semaines de confinement, nombreux sont les enseignants qui vivent mal la mise à distance de leurs élèves, et qui confirment ainsi la dimension fondamentale de la de la co-présence des élèves et des enseignants dans un même lieu d’apprentissage et d’éducation ouvert à tous que l’on appelle école.

Pourtant, certains enseignants enregistrent de réels motifs de satisfaction : tel élève qui propose à son enseignant le détournement d’une application pour mieux échanger ; telle autre qui ne faisait rien en classe et qui se met à faire, à distance, les travaux demandés… Sans oublier celles et ceux qui déploient des trésors d’imagination pour transmettre leurs devoirs à leur professeur.

Là, c’est un chef d’établissement qui témoigne spontanément de l’adaptation de ses équipes à la nouvelle situation : "Pour l'instant nous allons bien. Nous apprenons à exercer notre métier à distance. Nous apprenons aussi à pouvoir compter sur la solidarité et sur les initiatives de nos équipes pédagogiques pour maintenir le lien avec tous : collègues, élèves et parents. Une expérience qui marquera très certainement les rapports humains". Un bel exemple de la capacité des acteurs à prendre en main la continuité pédagogique au plan local et un état d’esprit que l’on semble retrouver dans de nombreux autres établissements de la région mulhousienne.

Mais, au-delà, à une toute autre échelle et toujours grâce à l’Expresso, les pronostics vont déjà bon train sur les lendemains de crise pour l’école :

À la fin de sa contribution citée plus haut, François Jarraud rappelle que, "en 2009 certains voyaient dans les fermetures d'écoles annoncées la possibilité d'une école aux mains des parents. On en est sans doute loin. Mais cette question-là va prendre de l'importance."

Alain Bouvier, directeur de la Revue internationale de l’Education de Sèvres, renchérit dans l’Expresso du 19 mars : "Le ministère n’a plus qu’une prise partielle sur les choses. A partir du moment où les parents prennent la main sur l’éducation ils ne la lâcheront plus. S’ils trouvent que ce que propose telle entreprise ou telle association est bon ils l’utiliseront. Après la crise, les familles feront du mixte ». Le covid-19 deviendrait alors un tremplin vers la privatisation de l’École…

Et si, tout simplement, on reprenait les derniers mots de l’interview de Sylvain Grandserre dans l’Expresso du 20  mars, à propos de la sortie de son livre "Un instit ne devrait pas avoir à dire ça !" (ESF Sciences humaines, 2020). Un livre que son auteur présente comme "une adresse à ceux qui nous gouvernent. Je veux une école du XXIème siècle, adaptée aux nouvelles demandes sociétales, ayant davantage de liberté pédagogique. Je leur dis : "laissez nous travailler et faire notre métier. Aidez nous au lieu de nous entraver". Et aux collègues, je leur dis : "ce métier nous appartient". Et, si le covid-19 devenait l’occasion, pour les enseignants, de reprendre la main sur leur métier, de retrouver la confiance dans leur capacité à faire, collectivement, de l’école un lieu d’expérimentation et d’inventivité pour le plus grand bénéfice de leurs élèves ?

On entend partout dire qu’après la crise provoquée par le coronavirus, "rien ne sera plus comme avant". Qu’en sera-t-il pour l’école, pour l’éducation, pour la pédagogie ?

 Affaire à suivre…

Pour prendre connaissance de l’intégralité des contributions citées dans ce billet et suivre au jour le jour, du lundi au vendredi, l’actualité de l’éducation, de l’école, de la pédagogie pendant les semaines à venir, chacun peut consulter librement le site de l’Expresso du Café pédagogique :  www.cafepedagogique.net

 

 

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