"La planète, le climat, la nature comme sources de richesses pédagogiques"
Qu'est-ce que la pédagogie ? |
"Vous faites quoi à la MPM ?" |
On ne compte plus les livres, les revues, les émissions de radio ou de télé, les manifestations de toutes sortes qui tournent autour de ces trois mots : que l’on songe, parmi tant d’autres exemples, à l’ouvrage L’enfant dans la nature, paru à l’automne dernier, à la Convention citoyenne sur le climat qui s’apprête à rendre ses conclusions, au dossier du numéro de février de la revue Sciences humaines : "Réparer la planète".
La MPM n’est pas en reste : sous ces trois termes se cachent des enjeux éducatifs de tout premier plan qui vont bien au-delà de querelles sur l’efficacité de telle ou telle méthode d’apprentissage ou sur la référence exclusive à telle ou telle grande figure de la pédagogie. Aborder les questions liées au réchauffement climatique, à la destruction de la planète ou à l’instauration d’un autre rapport des enfants à la nature oblige à dépasser tous les cloisonnements, qu’ils soient liés aux disciplines académiques, à l’âge des publics concernés, au statut des intervenants ou encore aux modèles pédagogiques revendiqués.
Agir contre le réchauffement climatique à tous les niveaux et à tous les âges
Cette rencontre-débat du 5 février a déjà été présentée dans le billet MPM de janvier. Elle ne prétend évidemment pas faire le tour de la question… Elle se veut surtout être une contribution à une réflexion sur ce que pourrait être une éducation à l’écocitoyenneté.
Le mot pédagogie est dans toutes les bouches. Mais tous les modes de mobilisation de la population ne se valent pas, tant au niveau des résultats pour le devenir de la planète que de celui du comportement des hommes et des femmes qui en sont les habitants. L’incitation ne produit pas les mêmes effets que l’injonction ou la contrainte. Le recours à l’arme de la peur et de la destruction massive joue sur d’autres registres émotionnels, affectifs, cognitifs, comportementaux que les pratiques qui cherchent à favoriser la prise de conscience de la situation et la recherche lucide des moyens d’action pour sauver la planète.
C’est pourquoi il importe d’interroger les actions mises en place au nom de la lutte contre le réchauffement climatique dans des secteurs aussi variés que la recherche scientifique, l’enseignement, l’association militante, la vie municipale. C’est tout le sens de la seconde partie du titre donné à la soirée du 5 février : Quelles démarches pédagogiques nous apparaissent les plus pertinentes pour permettre au plus grand nombre d’articuler écogestes au quotidien et compréhension des enjeux planétaires ?
Agir contre le réchauffement climatique : quelles démarches pédagogiques? : Mercredi 5 février 2020 au Carré des Associations 100, Avenue de Colmar – salle plénière 1er étage – (Entrée du parking par la rue Vauban) |
Festival Enfance et nature Du Mardi 11 février au samedi 15 février 2020 |
Programme de Mulhouse du Festival Enfance et nature
Du Mardi 11 février au samedi 15 février 2020 |
L'enfant et la nature
C’est l’autre thématique de prédilection pour la MPM en ce mois de février, avec sa contribution au Festival Enfance et Nature qui se déroule pour la première fois à Mulhouse du 11 au 15 février.
Ce Festival est né à Strasbourg en 2017, à l’initiative de l’Académie de la Petite Enfance et de la Fondation Terra Symbiosis. Cette année, les organisateurs ont proposé à Praxis (École supérieure de praxis sociale) de Mulhouse, au CINE (Centre d’initiation à la nature et à l’environnement), le Moulin nature de Lutterbach… et à la MPM de marcher dans leurs pas et de programmer une édition mulhousienne du Festival, en partenariat avec le cinéma Bel-Air. Des conférences, des ateliers, des films apportent des éclairages, des témoignages variés sur l’importance de la relation des enfants à la nature (voir programme détaillé sur notre site Internet).
La MPM creuse donc cette thématique abordée pour la première fois en mai dernier en partenariat avec NovaTris (UHA) et, déjà, avec l’Académie de la Petite Enfance et aussi avec le soutien de la MGEN : une rencontre-débat centrée sur la place de la nature dans le développement de l’enfant (voir trace sur notre site).
De telles collaborations avec des structures aussi différentes permettent de croiser les regards, d’appréhender d’autres approches des relations de l’enfant à la nature, de découvrir des démarches pédagogiques en rupture radicale avec les pratiques dominantes d’éducation à la nature. Enseigner et apprendre au dehors, hors les murs de l’école ouvrent des perspectives en phase avec les découvertes les plus récentes des neurosciences et les anthropologues qui remettent en cause les rapports entre nature et culture, entre la nature et les hommes.
S’intéresser à ces questions, s’impliquer dans une manifestation comme le Festival Enfance et Nature, c’est ouvrir en grand les portes et les fenêtres de la MPM vers d’autres partenaires, vers d’autres mondes, d’autres pratiques éducatives. C’est découvrir et faire connaître des expériences qui apportent de grandes bolées d’air frais et d’oxygène pédagogique.
Transition écologique et environnementale, transition éducative et pédagogique : une même nécessité
Agir contre le réchauffement climatique, faire vivre aux enfants d’autres relations à la nature : on voit bien qu’on est là dans des domaines totalement transversaux du savoir, qui impliquent toutes les personnes qui ont charge d’éducation depuis l’enfance jusqu’à…
On est surtout là dans des domaines qui mettent l’éducation en première ligne des interrogations et des préoccupations partagées par une part croissante de la population. Au début de son petit ouvrage Pour une pédagogie solidaire (Sipayat, 2019), Sylvain Wagnon, professeur de Sciences de l’éducation à l’université de Montpellier, écrit : "La transition écologique nous oblige à repenser en urgence notre société, à poser les jalons d’une critique radicale de la situation présente pour inventer un futur. L’éducation, les comportements humains peuvent être transformés. Une autre société peut être inventée (...). Intégrer la question environnementale dans la pédagogie, c’est repenser la forme scolaire et le découpage artificiel des disciplines scolaires en créant une pédagogie des centres d’intérêt réellement active, qui donne sens au contenu écologique, mais aussi à l’engagement individuel et collectif (…). La transition écologique est donc devenue une nécessité et elle impose une autre éducation" (p. 28 à 32).
On peut aussi revenir sur les conséquences du "syndrome du manque de nature", au cœur de la rencontre-débat de mai dernier évoquée plus haut : ce n’est pas seulement le développement physique des jeunes qui est compromis, mais aussi leur développement psychique et affectif ainsi que celui de leurs capacités cognitives. Ici ou là, des expériences encore trop mal connues ouvrent le champ de possibles éducatifs très prometteurs.
Ainsi, la nécessaire prise en compte de problématiques aussi vastes et aussi vitales devient-elle une "chance" pour celles et ceux qui appellent de leurs vœux une alternative éducative et pédagogique globale… Au plan éducatif, l’urgence est à la construction d’une cohérence entre les défis de la période et les démarches pédagogiques à mettre en œuvre pour y répondre.
La MPM n’a pas la prétention d’être porteuse d’un projet aussi ambitieux que nécessaire. Elle se propose plus modestement de continuer à apporter des informations et encourager la réflexion sur ces questions éminemment (éco)citoyennes.
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