Billet MPM d'avril 2019
La MPM pour questionner et enrichir ses pratiques pédagogiques
Ce mois d'avril laisse peu de place à la MPM pour la programmation de ses activités. Depuis sa création, l'association a adopté le calendrier scolaire, renonçant ainsi à proposer rencontres et ateliers, pendant les périodes de vacances. Pourtant, la pédagogie ne se laisse pas enfermer entre les murs et les temporalités de l'Ecole.
La pédagogie et le temps des loisirs des enfants
Activité ludique,
activité scolaire...
Quels éducateurs
sommes-nous ?
mercredi 3 avril 2019
de 14 h 30 à 17 h
Carré des associations
Avec les accueils de loisirs, on est dans ce que l'on peut appeler les "tiers-lieux" éducatifs, à côté de la famille et de l'école. S'y pose donc, avec la même acuité qu'à l'école, la question des finalités éducatives et des pratiques mises en œuvre pour contribuer à s'en approcher.
Dans ses recherches sur les pratiques des centres de vacances, Jean Houssaye s'est intéressé à la place des enfants dans le choix de leurs activités. Dans le modèle "colonial" (dominant dans les "colonies" de vacances), l'enfant choisit dans le menu qu'on lui propose, comme le client qui va au restaurant. Fort de ses convictions et de ses modèles pédagogiques de référence, Jean Houssaye marque sa préférence pour des pratiques qui permettent à l'enfant de prendre part aux décisions et à l'organisation des activités dans le cadre de son groupe d'appartenance. Il montre ainsi l'intérêt de mettre en place une réunion quotidienne sur le modèle du conseil cher à la pédagogie Freinet ou à la pédagogie institutionnelle.
Cette question de la place de l'enfant dans le choix de ses activités est centrale dans la construction de son autonomie, de sa capacité à prendre des initiatives, à exercer des responsabilités, que ce soit en centre de loisirs, à l'école… ou dans sa famille.
C'est pourquoi la MPM met en place, le mercredi 3 avril, à la demande et avec le concours de la directrice d'un accueil périscolaire, et en partenariat avec Animation Enfance du Haut-Rhin, d'une rencontre afin de permettre aux enseignants et aux animateurs d'accueils de loisirs de croiser leurs regards sur la façon dont les enfants ont prise, ou non, sur leurs activités.
Au-delà, la question posée aux acteurs de terrain est la suivante : "Quels éducateurs sommes-nous ?" Il s'agit d'inviter les uns et les autres à s'interroger sur les finalités de leurs pratiques pédagogiques, dans l'Ecole et hors l'Ecole : quelle éducation aujourd'hui pour quelle société demain ?
Les grands pédagogues et nous
Aller à la rencontre des grands pédagogues, c'est une autre façon de nous interroger sur nos pratiques pédagogiques.
Comme pour la thématique précédente, l'atelier est né d'une rencontre qui a permis à plusieurs personnes d'exprimer leur demande de mieux connaître les grands noms de la pédagogie. C'était lors d'une séance organisée avec REZO! sur les échanges réciproques de savoirs pédagogiques. Le projet a mis du temps à prendre forme. Mais, depuis an maintenant, une dizaine de personnes en moyenne (pas toujours les mêmes) se retrouvent une fois par mois pour découvrir (ou re-découvrir) ensemble une des grandes figures du patrimoine pédagogique.
Aucune visée encyclopédique dans ces séances, aucune prétention à dresser un portrait complet et détaillé des idées et de la démarche de l'"invité". Spontanément, les échanges entre les participants font des allers-retours entre l'œuvre pédagogique de l'illustre ancêtre et les récits des praticiens d'aujourd'hui. Car, ainsi que le dit Philippe Meirieu dans un entretien publié dans le numéro d'avril de la revue Sciences humaines, "les grands pédagogues ont été confrontés à des problématiques que nous rencontrons toujours à l'heure actuelle. La façon dont ils ont formulé leurs questionnements peut donc encore nous inspirer".
Après la rencontre avec Carl Rogers en janvier et celle avec Janusz Korczak en février (voir les traces sur le site de la MPM), la séance du 28 mars a été consacrée à un retour réflexif sur l'apport de ces "rencontres avec les grands pédagogues" pour les praticiens d'aujourd'hui. Voici les réponses de cinq participants.
- "C'est d'abord une rencontre avec des personnes avec lesquelles je n'aurais jamais eu l'occasion de discuter ; c'est aussi une manière d'entrouvrir une porte sur des pratiques dont on entend quelquefois parler ; c'est une pause dans des emplois du temps souvent chargés, une manière de se poser la question de quelle pédagogie nous souhaitons être".
- "Ces rencontres permettent d'enrichir mes pratiques, de découvrir que d'autres pratiques que mes pratiques ont été utilisées et présentées par de grands pédagogues ; ce qui me rassure et me permet de perfectionner mes pratiques".
- "Cela nous apporte de la diversité, nous questionne, nous montre des voies alternatives ; c'est comparable à la lecture des philosophes ; cela pousse à penser mieux par soi-même ; il n'y a pas UNE méthode, UNE pédagogie."
- "Culture générale et connaissance ; permet d'expliquer plus, de faire face à certaines situations de tous les jours que nous sommes amenés, de par nos professions (professeur, éducateur, animateur…), à rencontrer."
- "Après avoir participé à ces temps, les grands pédagogues, m'ont permis de découvrir ou de mieux connaître certains d'entre eux ; je me sens légitime dans mes questionnements, ma démarche et le fait de "piquer" les idées, les méthodes et outils déjà "faits" ; je suis un coucou assumé qui vit bien de s'installer chez l'autre, de se nourrir de l'autre."
A l'issue de cette séance, les participants ont souhaité poursuivre ces rencontres mensuelles : le jeudi 25 avril avec Alexander S. Neill, dont le nom est associé à l'expérience de Summerhill ; le lundi 27 mai avec le pédagogue brésilien, Paulo Freire.
Donc, en avril, pas de rencontre-débat à l'initiative du comité d'animation de la MPM. Mais comme on le voit, des activités longuement, patiemment construites en réponse à des demandes extérieures. Des partenariats, des rencontres pour faire de la pédagogie et de l'éducation un champ d'investigations ouvert à tous. Chacun peut ainsi contribuer à faire de la MPM un lieu d'interface entre des pratiques pédagogiques individuelles et des valeurs éducatives communes.