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Allemagne – France : une mise en perspective de deux cultures éducatives

 

Rencontre-débat

Mardi 27 mars 2018 à 18 h 30

Université de Haute-Alsace – Campus Illberg École nationale supérieure de Chimie (suivre le fléchage à partir de l'entrée) 3 rue Alfred Werner - Mulhouse

Les pratiques éducatives dans les deux pays

Partant de l’expérience raisonnée de sa vie d’apprenante, d’enseignante (dans le secondaire et le supérieur) et de mère de famille entre la France et l’Allemagne (et, plus brièvement, les Etats-Unis), Béatrice Durand exposera et tentera d’interpréter quelques différences significatives entre les pratiques éducatives des pays concernés et les valeurs qui les sous-tendent – sans prétention à l’exhaustivité ni à la systématisation.

L’observation participante de ces cultures éducatives conduira l'intervenante à aborder quelques aspects de l’éducation et de la relation pédagogique : activités et pratiques de classe, relation apprenant-enseignant, modes et styles d’évaluation, conceptions de la qualité pédagogique, attentes à l’égard des institutions.

La présentation sera aussi l’occasion de proposer quelques hypothèses sur la perception d’une culture éducative par l’autre (images croisées) et sur l’évolution de l’éducation et de l’enseignement au cours de ces cinquante dernières années.

Intervenante

Béatrice DURAND, enseignante et écrivaine ; a enseigné la littérature et l’histoire culturelle dans diverses universités américaines et allemandes (Brown, SUNY, Potsdam, Chemnitz, Halle, actuellement la Freie Universität et le Lycée français de Berlin)

Par ailleurs, Béatrice Durand interviendra les 26 et 27 mars dans le cadre du séminaire de didactique, assuré par Nina Kulovics (ingénieure pédagogique à NovaTris et enseignante à l'UHA), à destination des étudiants de CIFTE (cursus intégré formation transfrontalière d'enseignants) et des étudiants germanistes de la FLSH.

Bibliographie

Ouvrages de Béatrice Durand

  • Etudier en France et en Allemagne, Approche comparée des cultures universitaires, Septentrion, Presses Universitaires, 2007
  • Cousins par alliance. Les Allemands en notre miroir,  Autrement, 2002
  • Récemment, une critique du discours républicain français : La Nouvelle Idéologie française, Stock, 2010

Compte rendu

Béatrice Durand, originaire de Toulouse, enseigne actuellement au Lycée français de Berlin après avoir exercé dans différents centres universitaires d’Allemagne et des Etats-Unis. Sur le sujet des relations France-Allemagne, elle a écrit" Cousins par alliance" – "les Allemands en notre miroir".

Béatrice Durand place son exposé sous le signe de JE : qu’est-ce que son parcours d’enseignante, d’apprenante et de parent lui a appris sur les différences des cultures éducatives française et allemande ? Elle souhaite donner des exemples de ces différences et les interpréter.

B. Durand a connu tout d’abord l’école primaire d’avant mai 68, monde clos et bien ordonné. Puis le lycée post-mai 68, très libéral, où les enseignants, souvent militants politiques, pratiquent une pédagogie dialoguée et libérale. Marquée par cette approche libérale, B. Durand aura du mal à répondre à la demande d’autorité de la classe qu’elle a en charge comme stagiaire à Creil, en 1985/86. Son premier contact avec l’école allemande date de son année de 5e où elle a passé un mois dans un lycée de Bonn. Elle a pu y remarquer que les élèves avaient plus de responsabilités qu’en France mais que la forme des cours n’y était pas si différente.

B. Durand est ensuite passée par les classes préparatoires. Après avoir réussi au concours de l’agrégation, elle n’a bénéficié que d’une formation professionnelle très brève et de qualité moyenne. A l’époque, B. Durand entre avec enthousiasme dans le métier d’enseignant, en ayant toutefois un regard critique sur la façon dont elle a été « formatée » pédagogiquement parlant, depuis son entrée à l’Ecole en tant qu’élève jusqu’à ses débuts dans le métier. Le rapport d’autorité « à la française », rigide, la déconcerte au point qu’elle songe à changer de métier.

Puis B. Durand devient lectrice dans une université américaine. Elle a eu le plaisir d’y trouver plus de souplesse et de liberté dans le rapport enseignant-classe.

B. Durand s’installe ensuite à Berlin, juste après la chute du Mur, en 1990. Elle y découvre le système éducatif allemand dans les universités où elle exerce (Berlin, Potsdam, Chemnitz…) et aussi à travers ses enfants, qui fréquentent l’école. Elle vit également le « choc » pédagogique survenu lors de la rencontre des systèmes éducatifs ouest- et est-allemands, l’ancienne RDA ayant une tradition d’encadrement et de planification bien implantée.

Par rapport à l’école primaire française, la Grundschule allemande met nettement plus l’accent sur la vie en communauté, un climat scolaire harmonieux et la contextualisation de l’enseignement (ce qui est enseigné doit toujours se référer à la vie de l’enfant). Ensuite, ne vont au lycée que les enfants de famille socialement favorisées ; cela ne fait pas débat comme en France. A l’Université, les travaux écrits ont pour modèle la production scientifique, avec appareil critique abondant. L’Université française met en revanche l’accent sur la démonstration du sujet imposé. (B. Durand adhère à la façon de faire française.)

En 2004, B. Durand quitte l’Université pour aller enseigner au Lycée français de Berlin, lycée mixte par son statut (programmes de l’Education nationale française mais loi scolaire berlinoise), le recrutement de ses enseignants et de ses élèves. B. Durand y retrouve le système français très normé. Elle est prise entre deux feux : les contraintes « à la française » et l’envie d’expérimenter « à l’allemande ». Elle constate que le lycée français est axé sur l’exercice, l’entraînement à l’examen. Le lycée allemand est en revanche plus ouvert.

Questions du public

La première question porte sur l’âge de scolarisation obligatoire. Il sera bientôt porté à 3 ans par la loi française. Il est en revanche plus flexible en Allemagne… qui n’a pas d’école maternelle mais un jardin d’enfants. S’ensuit un débat sur le sujet parmi le public.

La deuxième question porte sur la formation des enseignants en Allemagne. La ministre de l’éducation actuelle veut que les enseignants du Jardin d’enfants soient formés à l’Université. Des intervenants du public débattent de la qualité de la formation des enseignants en France et en Allemagne. La formation française apparaît bien souvent comme coupée du concret

Puis il est question de la citoyenneté à l’Ecole. Le système éducatif allemand donne de réelles responsabilités aux élèves, contrairement au système français. Depuis les années 1970, on souhaite y former des personnalités démocratiques. Cependant, après la publication du rapport PISA de 2003, l’ascenseur social « à la française » est devenu une préoccupation dans l’Ecole allemande ; la notion de performance, d’obligation de résultat a donc été accentuée.

Les programmes scolaires en Allemagne sont la prérogative de chaque Land. Mais malgré leur nombre de 16, il n’y a pas de grandes différences entre eux. L’exigence de résultat est moins élevée en Allemagne du Nord. La situation et le statut social des enseignants varient selon les Länder. Une intervenante fait remarquer que les enseignants ont un salaire plus élevé de 60 % par rapport à leurs collègues français. B. Durand observe que les professeurs allemands semblent plus heureux : ils ont moins d’états d’âme et discutent moins (ne serait-ce que par rapport au système de notation, très codifié et accepté comme tel).

Thomas Choisy – Membre du Comité d'Animation

Avril 2018

Plus d'informations sur l'intervention de B. Durand, dans le cadre du séminaire de didactique organisé par NovaTris les 27 et 28 mars sur le site : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

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