Billet MPM de mars 2025
Entre les murs et hors les murs :
Quels espaces pour apprendre aujourd’hui à l’école ?
En France, on imagine mal une école, un collège, un lycée sans les murs, sans le grillage qui séparent l’espace scolaire de son environnement. Ce qui nous apparaît aujourd’hui comme une évidence est pourtant lourd de conséquences sur les apprentissages des élèves et les interventions des différents acteurs de l’éducation.
Invitation à la Rencontre-débat n° 46 du mardi 25 mars
C’est elle qui a donné son titre à ce Billet qui interroge le double mouvement de fermeture et d’ouverture de l’école sur l’extérieur.
L’école apparaît comme un espace d’apprentissage pas comme les autres dont la fonction des murs, physiques et symboliques est de plus en plus souvent interrogée par les différentes catégories d’acteurs qui les franchissent (par des portes équipées de plus en plus souvent de caméras de surveillance et de digicodes) : les élèves et les enseignants, bien sûr, mais aussi les parents, les éducateurs, les intervenants extérieurs …
L’école doit-elle être protégée du monde, et donc en être séparée ou bien, au contraire, faut-il l’ouvrir au grand vent du dehors, au monde tel qu’il est ?
C’est pourquoi il nous a semblé intéressant de faire appel à un géographe pour nous aider à déchiffrer les enjeux éducatifs et pédagogiques de l’espace scolaire. Surtout lorsque, comme l’a souligné Philippe Meirieu dans sa préface au récent ouvrage de Pascal Clerc, le géographe, Professeur des Universités à Cergy-Paris, se double d’un pédagogue.
Le 25 mars, Pascal Clerc, auteur d’Emanciper ou contrôler ? (Autrement, 2024) vient nous proposer une lecture des enjeux de l’espace scolaire en termes d’apprentissages :
- En quoi les locaux et l’organisation de l’espace entre les murs de l’école contribuent-ils plutôt à l’émancipation ou plutôt au contrôle des élèves qu’elle accueille ?
- De nos jours, en quoi l’ouverture croissante de l’école sur son environnement proche et sur le vaste Monde est-elle porteuse de changements en termes d’apprentissages scolaires ?
- Quelle place pour l’école dans des territoires que l’on dit « apprenants » : l’école y serait-elle un lieu d’éducation « parmi d’autres » ou un lieu d’éducation spécifique, à nul autre pareil ?
La Rencontre-débat est organisée en partenariat avec la Mutuelle générale de l’Education nationale (MGEN), dans sa salle de réunion, 10 rue Gustave Hirn, à Mulhouse, de 18 h 30 à 20 h 30. Une soirée suivie d’un pot de l’amitié. Inscription obligatoire.
Toumaï et André Giordan : l’école et son environnement, avec ou sans murs ?
Dans l’Expresso du Café pédagogique du 27 septembre dernier, Pascal Clerc évoque les apprentissages de Toumaï, un petit garçon qui vit à N’Djaména, au Tchad.
« Toumaï va à l’école. Il aime ça mais ce qu’il préfère c’est le dehors, la rue, partout où il peut expérimenter le monde.
À l’école, Toumaï s’ennuie parfois un peu. Pourtant, il est curieux de tout mais ce n’est pas toujours dans la classe qu’il trouve des réponses à ses questions. C’est d’abord avec les animaux qu’il apprend, puis avec Saleh, l’homme à tout faire de la maison, qui lui révèle les secrets de l’existence.
La cour de l’école est un lieu important pour Toumaï, un lieu d’apprentissages. Il apprend avec ses copains Abdel et Youssouf. Ce sont des « enfants bergers ». Toumaï apprend avec eux des savoirs pratiques : choisir les arbres qui font une belle ombre ou les meilleures dattes ».
Toumaï, C’est aussi un peu l’histoire de Michaël Ferrier, fils de militaire français envoyé au Tchad et aujourd’hui auteur d
e Scrabble, dans lequel Toumaï/Michaël est « un petit garçon avide d’apprendre, qui absorbe tout, par tous les sens, et qui ne trouve dans le lieu scolaire que des réponses un peu décevantes. Ce livre est un poème de l’apprendre. L’école en est un des lieux mais les propositions scolaires peuvent être décalées, comme quand Youssouf conteste un exercice de mathématiques sur un robinet qui fuit, lui qui n’a pas l’eau courante chez lui. Les apprentissages scolaires ne mobilisent guère les sens qui contribuent dans leur diversité à tous ceux du dehors. L’école apparait comme un lieu un peu triste qui sclérose le désir d’apprendre ».
Le samedi 29 mars, à Paris, ce sont le Mouvement français des RERS, le Learning Planet Institute et Chronique sociale qui nous invitent à repenser la place et le rôle de l’école dans la société avec cette question : « Quels objectifs pour une société apprenante dont l’école serait un pilier ? » Une invitation transmise par notre partenaire mulhousien le Rezo, partie prenante de cette manifestation prometteuse « Apprendre toujours et partout à partir des travaux d’André Giordan » (1946-2023), pédagogue, chercheur, citoyen engagé, dont les travaux théoriques et les accompagnements d’expérimentations semblent essentiels pour les temps présents et à venir.
Et, pour vous, comment ça se passe
entre le « dedans » et le « dehors » de l’école ?