Billet MPM de janvier 2024

En janvier, comme dans le reste de l'année,
il se passe toujours quelque chose à la MPM !

Comment souhaiter sans sourciller une « bonne » année 2024 à toutes celles et tous ceux qui sont animé(e)s par la conviction que l’éducation est un puissant facteur de contribution à l’émergence d’un monde meilleur, durablement habitable, plus juste, plus solidaire, plus humain ? En ces temps difficiles et sombres à de nombreux points de vue, mieux vaut se contenter, de dire, avec Paul Eluard, que :

« La nuit n’est jamais complète.
Il y a toujours, puisque je le dis, puisque je l’affirme,
Au bout du chagrin,
Une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée. »

Et faire en sorte que, en cette année 2024, la Maison de la Pédagogie de Mulhouse puisse offrir, autant que faire se pourra, de « fenêtres ouvertes », de « fenêtres éclairées » sur le devenir de la pédagogie, de l’école, de l’éducation. 

Alors, sans perdre de temps, ouvrons la première fenêtre de l’année…

Mardi 9 janvier : « Apprendre à grandir connecté : utopie ou réalité ? »

C’est le titre de la Conférence-débat organisée, en partenariat avec le Crédit Mutuel Enseignant, de 18 h 30 à 20 h 30, au Centre sportif régional de l’Illberg. Une façon de commencer l’année « sur les chapeaux de roue » avec un sujet de société qui concerne tous les éducateurs : enseignants, parents, animateurs de centres socio-culturels, intervenants périscolaires et bien d’autres encore que la question peut concerner.

Pour aborder ce sujet porteur de toutes les controverses, et dépasser le stade des opinions, nous avons eu la chance de pouvoir faire intervenir l’une des meilleures spécialistes de l’usage du numérique dans  et hors l’école : Anne Cordier est Professeure en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lorraine et auteure de plusieurs livres sur la question ; elle est l’une des coordinatrices d’un récent ouvrage collectif sur « Les enfants et les écrans » qui rassemble de nombreuses contributions de chercheurs.

Anne Cordier est donc particulièrement bien placée pour répondre aux questions suivantes et proposer des outils, des démarches dans une perspective de co-éducation à l’usage des écrans :

  • comment, les enfants et les adolescents d'aujourd'hui appréhendent-ils le "monde numérique" et s'y informent-ils ?
  • comment les accompagner, à l'école et en famille, pour co-construire une relation à la fois sereine et joyeuse à ce monde en partage ?
  • comment, dans le quotidien de la classe, le recours au numérique peut-il contribuer à l’acquisition de connaissances et au développement de l’esprit critique ?

Cette 3e et dernière piste fait écho aux propos du philosophe Abdennour Bidar dans le dernier chapitre de « Grandir en humanité », intitulé « Le professeur à l’épreuve du numérique ». Pour lui, la prise en compte de la révolution numérique dans l’éducation des jeunes est une question de vie ou de mort pour l’école. Pour A. Bidar, « la priorité absolue, l’urgence dans cette situation, est de s’interroger sur ce que le professeur humain peut avoir d’irremplaçable (…). Il ne suffira donc pas à l’école de s’assurer que chacun peut bien disposer d’une tablette dans la classe. Mais non, l’école n’a pas perdu sa raison d’être dans la civilisation humaine à condition qu’elle arrive à faire valoir qu’il reste au professeur un rôle bien précis, un rôle nécessaire à l’élève ; et ce, alors même que l’élève aura le sentiment de plus en plus fascinant qu’il n’aura plus besoin de personne puisqu’il peut tout trouver par lui-même ».

Le constat de A. Bidar est sans appel : « La révolution numérique nous fait faire un tel saut évolutif dans notre relation au savoir que l’école est réellement menacée et que, si elle veut survivre, elle va devoir complètement révolutionner sa conscience de soi et ses manières de faire ».

Anne Cordier vient nous livrer de stimulants exemples de ces « manières de faire ».

 

Mercredi 31 janvier : Assemblée générale de la Maison de la Pédagogie de Mulhouse, de 18 h 30 à 21 h, au Carré des associations : entre ambition et réalisme.

L’Assemblée générale constitue le temps fort de la vie d’une association considérée comme la cellule de base d’un système authentiquement démocratique. C’est le moment de pause entre retour sur l’activité de l’année écoulée et adoption du projet d’activités pour l’année à venir. C’est le moment où chaque participant a le même droit à la parole et où chaque membre actif (à jour de sa cotisation annuelle) a le même droit de vote et de prise de décision. 

C’est le moment de rappeler, de modifier, de compléter, éventuellement de redéfinir les grandes options de la MPM, de revenir, encore et toujours sur l’interrogation existentielle de la raison d’être de l’association à côté d’autres structures du champ pédagogique et éducatif.

C’est le moment de clarifier le positionnement de la MPM par rapport à un système éducatif qui, pour reprendre le titre d’une interview de Patrick Rayou du 21 décembre pour les Cahiers pédagogiques, peine « désormais aussi à faire réussir les bons élèves ». Une interview qui se conclut par une prise en compte de la tension entre la réalité de la période et l’invitation à la dépasser : « Convaincre qu’on ne va pas dans la bonne direction n’est pas facile, car, même si les enjeux sociaux et environnementaux nous y appellent, les périodes de repli, comme celle que nous vivons, n’incitent pas à prendre du recul et à tenter de mettre en place un autre imaginaire éducatif ».

Dans l’Expresso du Café pédagogique du 24 décembre, ce sont Frédérique-Marie Prot et Henri-Louis Go, les deux auteurs de « Reconstruire l’école ; Péripéties de la forme scolaire d’éducation », qui nous exhortent à repenser l’école :

« Il y a urgence, pour notre civilisation, à bifurquer dans tous les domaines. Nous savons depuis déjà longtemps que l’éducation de la nouvelle génération est l’une des conditions pour que la culture humaine puisse poursuivre son travail vers un mieux, un mieux dont on peut discuter à partir, par exemple, du concept d’égalité. Que pouvons-nous faire ? À notre place, indépendamment des engagements de lutte que chacun décide pour soi-même et avec d’autres, nous avons à créer une conception radicalement autre de l’école : repenser sa place dans la cité, ses bâtiments, la philosophie qui soutient l’action éducative scolaire, ce que l’on y fait et comment on le fait, et aussi comprendre les enjeux psychiques permettant de favoriser l’accès à la culture. Le chantier est immense, c’est ce qui est passionnant ».

L’Assemblée générale, c’est donc aussi le moment de se demander ce que peut faire la MPM pour prendre part à ce « passionnant chantier ».

Mais il faut aussi raison garder et s’assurer que les moyens (matériels et humains) dont dispose l’association sont à la hauteur des engagements qui seront pris en fin de réunion.

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C’est donc ici et maintenant le moment d’inviter les membres de la Maison de la Pédagogie de Mulhouse et toutes les personnes qui partagent nos valeurs et nos convictions à venir renforcer les « forces vives » de notre association dans son engagement à résister au découragement, au fatalisme, à la résignation et à ouvrir le plus largement possible les fenêtres qui sont autant de raisons d’affirmer, avec la suite du poème de Paul Eluard que :

« Il y a toujours
Un rêve qui veille
Désir à combler
Faim à combler
Un cœur généreux
Une main ouverte
Une main tendue
La Vie
Une vie à se partager. »

 

En ce début d’année 2024, bienvenue à la Maison de la Pédagogie de Mulhouse pour partager nos vœux et nos vues de pédagogues pour une éducation vraiment nouvelle et une école désirable pour tous ses acteurs.

 

Pour contacter la MPM : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.