Billet MPM - Juillet-août 2023
La Maison de la Pédagogie de Mulhouse pour les "nul(le)s"
Petit florilège de ce qui s’est dit et écrit à la MPM au cours de sa 8e saison à destination de celles et ceux qui souhaitent profiter de l’été pour faire des révisions ou découvrir quelques « morceaux choisis » issus de nos rencontres et de nos échanges entre septembre 2022 et juin 2023. Les plus curieux pourront retrouver sur notre site, dans les billets mensuels et les traces de nos activités, tous les éléments pour identifier les auteurs, resituer ces extraits dans leur contexte. Au-delà de quelques phrases, il leur sera ainsi possible de partager et prolonger les réflexions, les pistes lancées par la MPM.
Bonne lecture et bonnes cogitations estivales ! Mais attention : un intrus s’est glissé dans ce recueil de propos sur la pédagogie, l’école, l’éducation.
Riche de toutes ses expériences, Emmi Pikler a l’intuition que la nature équipe (sauf exception) chaque enfant des potentialités qui lui permettent d’acquérir par lui-même la position humaine. Elle fait donc confiance à l’enfant dans son développement moteur pour qu’il conquiert la verticalité, pour trouver son équilibre statique (se tenir debout) et son équilibre dynamique (marcher). Elle cherche donc à mettre en place un environnement favorable, capacitant, pour que non seulement l’enfant découvre ses potentiels et ses limites de façon autonome, mais bien au-delà, pour qu’il se réalise dans sa condition d’humain (rédactrice Trace Rencontre grands pédagogues).
À travers ses créations, l’enfant peut manifester sa personnalité. Dessiner, c’est faire pour penser, pour accéder au langage, construire une véritable intelligence du monde et de soi. Dessiner, c’est dire quelque chose du monde. C’est l’intersection entre l’objectivité et la subjectivité. (Rédactrice Trace Rencontre GP)
« A l’école maternelle, il faut d’abord apprendre à l’enfant à aimer l’école. Aimer l’école, ça veut dire aimer la vie par la suite… Un professeur peut emmener un enfant sur les nuages, comme il peut l’enterrer dans sa classe, tout simplement… L’orientation, à mon avis, il ne faut pas qu’elle s’arrête seulement à l’école ou à un certain âge… Il faut laisser la chance pour les enfants d’aller jusqu’au niveau secondaire… Je trouve que l’enfant, à 15 ou à 16 ans, a encore le droit d’être scolarisé normalement et de ne pas aller directement au travail. Ça ne lui laisse pas vraiment la chance de choisir de lui-même. Au collège, ce sont encore des enfants, et ne pas leur donner une vaste opportunité, c’est un petit peu dommage pour eux, à cet âge-là. » (Parent d’élèves)
Accueillir le parent et « tricoter » une relation avec lui, c’est le reconnaitre. C’est, par exemple, être présent à l’accueil, à la barrière, le matin et le soir, pour pouvoir échanger. C’est montrer une attention autre envers les personnes accueillies. C’est accueillir les personnes que sont les parents. C’est rencontrer des individualités au-delà du rôle et de la fonction. C’est réfléchir à la place du parent au sein de l’école en lui accordant sa place, en reconnaissant son rôle entier dans l’éducation de son enfant. (Rédactrice Rencontre GP)
« Aucune disposition de type règlementaire ne sera jamais efficace [pour mettre en place une réelle mixité sociale dans les écoles] car il y aura toujours des personnes qui connaissent et utilisent les codes pour les enfreindre. Pourtant, c’’est une richesse formidable de connaître des gens d’autres milieux sociaux. C’est une richesse formidable que d ’apprendre à se connaître, à vivre ensemble. C’est ça qui fait qu’on est bien dans la ville, et partout, dans tous les quartiers. C’est à nous d’essayer de convaincre nos amis, nos enfants, de leur dire : il faut que vos enfants connaissent d’autres enfants, vous ne pouvez pas les cantonner à un milieu social… Jouer ensemble, développer son esprit critique ensemble, c’est essentiel… et qui va faire que notre démocratie ira mieux ». (Marie-Aleth Grard)
Aider, accompagner, soutenir des élèves dans leur travail personnel ne va pas de soi. Il peut vite devenir, lui aussi, source d’inégalités de réussite scolaire. C’est une des raisons qui sont à l’origine du projet de Quart-lieu apprenant de Bourtzwiller : ouvrir un lieu dans lequel toutes les personnes susceptibles de favoriser les apprentissages des enfants du quartier puissent se rencontrer pour échanger librement sur tous les sujets concernant les activités scolaires des enfants et des jeunes. (Rédacteur Billet MPM)
Enseigner en milieu populaire c’est aussi refuser tout fatalisme et tout déterminisme, de quelque nature qu’il soit. C’est refuser d’assigner l’élève à une image simpliste, à une couleur de peau, à une culture, à une catégorie sociale discriminante. C’est, comme le rappelle avec force le récent Manifeste de Convergence(s) pour l’Éducation nouvelle, considérer l’élève dans sa globalité, dans toute sa complexité. C’est notamment prendre en compte les capacités, les compétences, les aptitudes qu’il est capable de développer en dehors du cadre scolaire. C’est accepter de modifier la représentation qu’on se fait de lui. Parce que ce qui compte, c’est la personne en devenir. (Rédacteur Billet MPM)
Le « faire ensemble » (ou la coopération) qui s’inscrit dans la durée de l’année scolaire amène les élèves à se découvrir et à s’apprécier différemment tout au long des tâches à accomplir, des choix à opérer, des différends à régler pour avancer. Tout au long de la conduite du projet, une alchimie faite d’une multitude de micro-interactions favorise le changement de point de vue sur l’autre, la reconnaissance de la différence et le développement du lien social. La pédagogie de projet apparaît ainsi comme une démarche qui articule la construction d’un commun et la prise en compte des parcours et des identités personnelles. (Rédacteur Billet MPM)
« Contrairement à son discours méritocratique, l’école française est un instrument de reproduction des inégalités sociales. Elle a même tendance à les aggraver, ce qui n’est pas le cas de tous les pays. » (Patrick Rayou)
« Ce que les écoles, partout dans le Monde, enseignent aux élèves est sensé faire sens, pour eux et pour la société. Or, les politiques scolaires s’en sont souvent bien trop désintéressées au profit des questions de structures et du développement quantitatif dû à l’accroissement des effectifs, laissant notamment se creuser les inégalités entre les apprentissages des élèves, en liaison, en particulier, avec leur origine sociale. » (Collectif d’interpellation du curriculum - CICUR)
« L’Éducation nouvelle nous dit que l’humain déborde toujours, et que c’est dans ce débord de toutes les étiquettes que l’humain se retrouve, que les humains se retrouvent. Et le plus souvent parce qu’ils partagent leurs questions plus que leurs réponses. Les questions nous rassemblent quand les réponses parfois nous divisent. Il ne faut jamais oublier que même si les réponses nous divisent, il y a toujours des questions qui nous rassemblent. Et que c’est autour de ces questions que nous pouvons ensemble promouvoir notre commune identité. » (Philippe Meirieu)
« Les savoirs proposés par l’école depuis la modernité (XVII°-XVIII° siècles) sont empreints d’une croyance naïve et souvent scientiste dans le développement de positionnements hiérarchiques des cultures et ne répondent plus d’une façon émancipatrice aux questions posées à l’humanité. » (CiCur)
« Qu’avons-nous à dire aux jeunes aujourd’hui à l’école ? La jeunesse va devoir accepter un monde plus incertain et difficile. Nous avons donc à faire et refaire que l’école soit un endroit où les jeunes aient envie de parler de l’avenir. » (Bernard Charlot)
Il est urgent de savoir prendre en compte la sobriété dans toutes ses dimensions afin de continuer à l’explorer, de la mettre en débat, de développer ses dimensions pédagogiques afin qu’un plus grand nombre de personnes se l’approprient aussi bien dans la sphère privée qu’à tous les niveaux de notre société. Cette prise de conscience, cette démarche et cet engagement impliquent bien évidemment les enseignants, les éducateurs, le personnel et les parents des jeunes qui fréquentent aussi bien les établissements scolaires que tous les lieux sportifs et périscolaires qui les accueillent pour qu’une réelle éducation à l’écocitoyenneté se développe. (Rédactrice Trace Rencontre-débat)
« L’équation pédagogique fondamentale : apprendre = activité intellectuelle + sens + plaisir. » (Bernard Charlot)
Se former, non en appliquant des recettes ou en reproduisant des démarches pédagogiques clés en mains, mais dans des allers-retours permanents entre hier et aujourd’hui, et aussi entre participant.e.s. De ces échanges tous azimuts hors de tout jugement et de toute prescription se dégage progressivement la certitude que la pédagogie est affaire de convictions, de prise d’initiative, de refus du fatalisme et du confort-misme. En allant « À la rencontre des grand.e.s pédagogue », on fait sienne l’idée qu’il faut oser ! (Rédacteur Trace Rencontre GP)
La liberté pédagogique, c’est l’inverse des piles Wonder : ça ne s’use que si l’on ne s’en sert pas. (Un ami des grands pédagogues)
« Il n’y a rien de plus noble et politique dans l’école de la République que la pédagogie. » (Benoît Falaize et Kamel Chabane)
Quand nous nous retrouverons, à la rentrée de septembre, la Maison de la Pédagogie de Mulhouse aura refait sa façade avec une nouvelle page d’accueil pour son site.