Billet MPM de janvier 2018
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La pédagogie, un pari et une arme contre le fatalisme et l'immobilisme scolaires
A la MPM, pas de cérémonie des vœux. Pas de souhaits lénifiants répétés d'une nouvelle année à l'autre. Pas de bonnes résolutions qui ne seront pas tenues.
Pourtant, les défis pédagogiques ne manquent pas, comme en témoigne la fin de l'article que François Jarraud consacre, dans l'Expresso du Café pédagogique du 22 décembre dernier à la présentation d'une enquête sur le climat scolaire dans notre École. Si le ressenti des collégiens révèle une amélioration sensible depuis une petite dizaine d'années, il n'en va pas de même du côté des enseignants. Eric Debarbieux, auteur de "Ne tirez pas sur l'Ecole ! Réformez-la vraiment" (Armand Colin, 2017) y voit plusieurs raisons objectives, dont celle-ci, rapportée par F. Jarraud : "le mépris pour la pédagogie qui est devenue une véritable rente pour de pseudo intellectuels qui s'est banalisé".
Il y a donc "du pain sur la planche" pour toutes celles et tous ceux qui pensent que la pédagogie peut-être un puissant levier de transformation de l'École dans le double sens de la réduction des inégalités scolaires et de la contribution à la formation du citoyen. Et la MPM entend bien prendre sa part dans ce vaste chantier, non en terme de vœu pieux, mais par la mise en place de rencontres, d'ateliers, de débats pour donner l'envie et proposer les moyens de s'inscrire dans une dynamique de changement.
Pas de temps à perdre, avec un programme de janvier qui continue d'ouvrir le champ des possibles pédagogiques, avec ce petit brin de folie, d'impertinence (voire d'inconscience ?) qui est la marque de tous les pédagogues.
Premier pari : "une école de la réussite de tous" est possible
Premier pari avec la rencontre-débat du mardi 9 janvier (en partenariat avec NovaTris/UHA). Pari ambitieux que d'affirmer qu''une école de la réussite de tous" est possible, y compris pour les enfants des milieux les plus défavorisés. Les intervenantes savent de quoi elles parlent. Militantes du Mouvement ATD Quart Monde, elles ont faite leur la formule "Partir des élèves dont on n'attend rien" qui figure en sous-titre de "Tous peuvent réussir !" (Chronique sociale, 2013). Cet ouvrage collectif – auquel ont contribué deux enseignantes du Haut-Rhin, regroupe des témoignages issus de tous les niveaux d'enseignement. Ils transforment le slogan du titre en résultats avérés, validés et analysés par la recherche et apportent la preuve que l'École peut être un instrument de lutte contre les déterminismes socio-culturels. Une invitation à la co-éducation École/familles dans laquelle les associations ont aussi leur rôle à jouer.
Deuxième pari avec l'atelier pédagogique du mercredi 17 janvier sur le climat scolaire
Cette fois-ci, le pari est double. D'une part, la MPM fait le pari que des personnes sont prêtes à venir en rencontrer d'autres au Carré des associations, un mercredi après-midi, pour échanger sur leurs pratiques. D'autre part, cet atelier part du constat selon lequel le climat qui règne dans la classe (mais aussi dans l'établissement) a des répercussions sur les apprentissages des élèves. Mais, au-delà, il fait le pari qu'il est possible d'agir sur ce climat scolaire, à condition d'en identifier les caractéristiques et de dégager ensemble des pistes pour le modifier. Un atelier qui pourrait donner lieu à expérimentations et retour réflexif collectif.
Troisième pari avec la projection-débat du film "Une idée folle", le jeudi 25 janvier, au cinéma Bel-Air.
Avec cette soirée, la MPM inaugure une nouvelle activité qui donne à voir et à entendre ce qui se passe et se joue dans l'École. Le film documentaire de Judith Grumbach nous emmène dans neuf établissements publics et privés, de la maternelle au collège, en compagnie d'universitaires et de journalistes. On y rencontre des enseignants qui ne sont plus les dispensateurs du savoir, mais des médiateurs, des organisateurs de situations d'apprentissage, des élèves qui sont tous des chercheurs. Dans ces classes, bienveillance rime avec exigence, la coopération prime sur la compétition, le travail en équipe sur le chacun pour soi. On y développer les relations inter-générationnelles et les liens avec les partenaires extérieurs (mairie, parents…). Au collège Clisthène de Bordeaux, situé en Rep+, les résultats au brevet sont supérieurs à ceux des autres collèges, et on nous explique pourquoi. Au final, un film sur le plaisir d'enseigner et d'apprendre. Un film qui montre que "cette idée folle d'avoir inventé l'Ecole" (attribuée par la chanteuse France Gall à Charlemagne) peut devenir une réalité follement réjouissante, porteuse de sens et d'épanouissement quand elle fait le pari de la pédagogie.
Redonner la confiance
Dans son numéro de janvier, la revue Sciences Humaines interroge Jean-Michel Blanquer et Edgar Morin autour de la question : "Comment changer l'École ?" On sait que, pour le ministre de l'Éducation nationale, la réponse est dans le maître-mot "confiance" à tous les acteurs du système éducatif. Et le sociologue-philosophe de compléter : "Redonner la confiance, c'est aussi redonner aux enseignants la confiance en eux-mêmes, en leur pouvoir, en leur rôle". À la MPM d'ajouter la confiance dans les différentes facettes de la pédagogie comme puissant vecteur de changement dans l'École.
Belle et bonne année pédagogique à toutes celles et à tous ceux qui partagent cette "idée folle" d'inventer, sur le terrain, une École pour notre temps.