Devenons acteurs de la sobriété énergétique

pour un futur soutenable et désirable

Intervenante :  Barbara Nicoloso

 

 

Trace de la rencontre en PDF Télécharger le document sur la conférence débat

Le 27 septembre 2022 de 18 h 30 à 20 h 30 au Campus de la Fonderie.

Rencontre-débat organisée par la Maison de la Pédagogie de Mulhouse

en partenariat avec le CDD de M2A.

 

Nos sociétés modernes reposent sur des modes de vie et des technologies qui les maintiennent dans un état d’ébriété énergétique permanent. Face à l’urgence climatique, au dépassement des limites planétaires, aux crises géopolitiques et sanitaires et à l’augmentation des inégalités sociales, une transition profonde de notre système carboné, non renouvelable et coûteux, vers un nouveau modèle fondé sur la sobriété, la coopération et des ressources renouvelables apparaît indispensable.

  • Comment réagir à l’échelle locale ?
  • Comment articuler réponses à court terme et préoccupations éducatives inscrites dans un temps nécessairement plus long ?

À la Maison de la Pédagogie de Mulhouse plus spécifiquement, il nous semblait intéressant de voir ensemble comment passer des recommanda­tions, des préconisations et des injonctions à des démarches pédagogiques capables de constituer les bases d’une éducation à l’écocitoyenneté et permettant d’aboutir à des propositions de choix et d’actions de sobriété construites collectivement. 

 

Intervenante

Barbara Nicoloso

 

Barbara Nicoloso est diplômée de Sciences Politique Lille et de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de Lille. Directrice de l'association Virage Énergie, elle est engagée dans la lutte contre le dérèglement climatique et impliquée dans la mise en place d'une transition interrogeant nos besoins et usages énergétiques sur l'ensemble des territoires. Administratrice d'Enercoop Hauts-de-France et auteure du Petit Traité de Sobriété Énergétique Editions Charles Leopold Mayer, 2021), elle enseigne également les politiques énergétiques et climatiques à l'Université du Littoral Côte d'Opale et à Sciences Po Lille.

 

 

 

Repéres bibliographiques

  • Nicoloso B., Petit Traité de Sobriété Énergétique, Éditions Charles Léopold Mayer, 2021, Disponible en téléchargement ici
  • Nicoloso B. (dir.), Engager des politiques locales de sobriété, Le Passager Clandestin, 2022, Disponible en téléchargement ici
  • Contribution au livre Ecologies-Le vivant et le social, Philippe Boursier, Clémence Guimont, Editions La Découvert

 

 Trace de la rencontre

La MPM s’est assez vite saisie des questions posées par le réchauffement climatique, de ses conséquences sur l’avenir de l’homme et plus largement sur la biodiversité, questions indissociables de l’éducation à l’écocitoyenneté. Cette préoccupation a donné lieu à une première rencontre-débat en février 2020 : AGIR contre le réchauffement climatique à tous les niveaux et à tous les âges : quelles démarches pédagogiques ?

En septembre dernier, une 2ème rencontre-débat, organisée en collaboration avec le groupe Conseil de développement de m2A, a abordé la question de la sobriété énergétique. 

L’objectif de la rencontre débat et de l’atelier organisé le lendemain était d’ouvrir des perspectives de changement, d’engagement et d’actions concrètes et des pistes pédagogiques pour les communes comme pour les citoyens de m2A, y compris les enseignants et éducateurs, pour un passage vers une société soutenable.

Ȧ cet effet, il nous a semblé intéressant de voir ensemble comment passer des recommandations, des préconisations et des injonctions àes démarches pédagogiques capables de constituer les bases d’une éducation à l’écocitoyenneté permettant d’aboutir à des propositions de choix et d’actions de sobriété construites collectivement.

  • Comment engager cette transition aux échelles individuelle et collective ?
  • Quelles actions mettre en place au niveau local ?
  • Comment rendre désirables des modes de vie sobres et conviviaux ?

 

  1. Cadrage général sur les enjeux climatiques, énergétiques, et introduction à la sobriété

1. Retour rapide sur les enjeux énergétiques, climatiques et sociétaux

 

  • Un premier graphique fait apparaître notre dépendance aux énergies fossiles et l’accélération de l’exploitation des ressources fossiles (mobilité, chauffage, lumière, biens de consommation…). En l’espace de deux siècles, l’espèce humaine est devenue une force géologique à part entière : l’extraction et la combustion des ressources fossiles (charbon, gaz, pétrole) depuis la première révolution industrielle ont dégagé des quantités colossales de dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre, aujourd’hui responsables d’un dérèglement climatique planétaire. En 2000, le chimiste Paul Crutzen et le biologiste Eugene Stoermer ont donné à cette nouvelle ère géologique le nom d’Anthropocène ou « l’ère de l’humain ».
  • Quelques dates et chiffres clés permettent de se rendre compte de la gravité et du caractère inédit de la situation. La planète Terre s’est formée il y a 4,54 milliards d’années ; les premières formes de vie y sont apparues il y a 3,5 milliards d’années ; les premiers primates du genre Homo, il y a 2 millions d’années ; et Homo Sapiens, il y a 200 000 ans. L’espèce humaine exploite massivement les ressources énergétiques fossiles depuis moins de 250 ans.
  • Depuis les années 1950, les chimistes, les climatologues et les océanologues ne cessent de démontrer l’origine humaine du dérèglement climatique, d’en observer les effets et d’en alerter la communauté internationale. En 2019, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a estimé que les émissions totales de gaz à effet de serre produites cette année-là étaient supérieures de 80% à celles produites en 1970, et de 30% à celles émises en 1990.
  • Afin de ne pas dépasser la barre des 2°C de réchauffement climatique d’ici à 2100 par rapport à l’ère préindustrielle, 80 % des réserves d’énergies fossiles, actuellement connues, devraient rester dans le sol et ne pas être exploitées.
  • Si nous maintenons nos émissions de gaz à effet de serre au niveau actuel, l’augmentation de la température moyenne pourrait se situer d’ici à la fin de ce siècle entre +3,2°C et +5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Une augmentation aussi rapide sur un laps de temps si court ne laisserait que peu de temps aux espèces animales, végétales et aux sociétés humaines pour s’adapter dans un monde biologiquement, écologiquement et politiquement fortement bouleversé.
  • Les sociétés occidentales vivent depuis la fin du XIXe siècle en état d’ébriété énergétique permanent : l’énergie constitue le moteur de notre système économique, le prix de l’énergie et le niveau de croissance économique étant souvent en étroite interdépendance.
  • Dans le monde, 80 % de l’énergie (chaleur + électricité) est toujours d’origine fossile, d’où l’accélération du dérèglement climatique et la nécessité de décarboner rapidement nos modes de vie.
  • La crise climatique et écologique suppose de mener une transition profonde de notre système énergétique carboné et non renouvelable vers un nouveau modèle énergétique fondé sur la sobriété, la satiété et des ressources renouvelables, (soleil, vent, eau, chaleur du sol…).

2. Quelle place pour la sobriété dans la transition énergétique et écologique ?

  • Il semble nécessaire de repenser la façon dont nous utilisons l’énergie dans une grande partie des activités humaines : industrie, agriculture, chauffage, transports… La transition énergétique vers un modèle de société soutenable doit être une démarche collective et démocratique qui associe les pouvoirs publics, les entreprises et les citoyens dans des mutations sociales, économiques et culturelles déterminantes pour l’avenir de notre planète.
  • La transition n’aura pas lieu sans modifications sociétales profondes. L’énergie doit être considérée comme un bien commun à partager de manière équitable entre tous les êtres humains, notamment avec ceux qui n’y ont actuellement pas ou peu accès.
  • Nos normes, nos usages, nos imaginaires doivent évoluer pour être en adéquation avec les contraintes environnementales qui sont les nôtres aujourd’hui et qui ne cesseront de s’exacerber dans les décennies futures.

3. Comment construire une société sobre ?

  • La transition énergétique et écologique doit permettre de lutter efficacement contre les inégalités sociales et environnementales et de repenser les politiques d’inclusion et de redistribution des richesses. La sobriété participe à ce rééquilibrage de l’accès aux ressources, dans les limites de la biosphère, en engageant une réduction des consommations excessives de quelques-uns au profit d’une répartition plus juste des ressources entre tous.
  • Engager une société sur une trajectoire de réduction énergétique suppose de définir collectivement les modalités du changement, les conditions du vivre ensemble.
  • En questionnant notre rapport au travail, au temps libre, à l’espace, à la possession matérielle, nous pouvons identifier six axes stratégiques pour sortir de l’ébriété énergétique :
    1. passer de la surabondance à la suffisance matérielle 
    2. décentraliser pour relocaliser
    3. passer de la propriété aux services partagés
    4. réinterroger le salariat
    5. en finir avec le culte de la vitesse
    6. refonder notre rapport à la nature.
  • La technologie seule ne nous sauvera pas, même si de vraies innovations naissent de la crise. La société doit s’engager vers la sobriété qui se décline sous plusieurs formes :
    • La sobriété versus l’ébriété d’une société abreuvée d’une énergie « magique » dont personne ne se demandait, jusqu’à présent, comment et à quel prix elle est produite : d’où la nécessité de l’enseigner très largement pour comprendre.
    • La sobriété structurelle doit s’appliquer à toutes les ressources terrestres (l’eau, les terres, les forêts…) en réaménageant le territoire afin de garantir une équité dans l’accès aux ressources essentielles et mesurées. La planification doit tenir compte des nouvelles donnes.
    • La sobriété d’usage doit aussi interroger l’usage que nous faisons de nos ressources comme par exemple l’éclairage, qu’il soit public ou commercial (enseignes, panneaux publicitaires), le chauffage des bâtiments, des lieux publics, des piscines…Ces usages doivent être repensés
    • La sobriété peut être conviviale et collaborative à l’instar des « repair cafés ».

 

4. Comment impliquer l’ensemble de la population ?

  • La sobriété doit être un projet construit et porté collectivement par l’ensemble de la société. Pour cela, nos instances de décision et de démocratie doivent évoluer pour prendre davantage en compte les problématiques environnementales et l’avis des citoyens.

 

  • La question énergétique a historiquement peu fait l’objet de débat démocratique en France. Il n’y a jamais eu de débat national ni de référendum sur la question du nucléaire, et bien qu’un débat national ait été organisé autour de la programmation pluriannuelle de l’énergie en 2018, celui-ci a rencontré très peu d’écho médiatique.

 

  • Une (re)prise en main citoyenne des sujets énergétiques et climatiques paraît incontournable. Si cela émerge déjà progressivement via les coopératives citoyennes de développement d’énergies renouvelables, la démarche doit être étendue à l’ensemble des champs de l’énergie, et en particulier aux questions des modifications sociétales liées à la transition énergétique.

 

  • Sous la forme de conventions citoyennes locales sur le climat et l’énergie, de « commissions de sobriété » ou encore de « conseils d’orientation de la transition », des instances paritaires et intergénérationnelles pourraient être mises en place pour permettre aux citoyens de s’exprimer sur ces sujets et de co-élaborer les politiques publiques. Des votations citoyennes pourraient valider les propositions émises par ces instances.


 

 

  1. Sensibiliser, accompagner, enseigner et former à l’heure de l’Anthropocène

1. Intégrer les enjeux des limites planétaires dans les contenus pédagogiques, de formation et de sensibilisation de tous les publics

 

  • Les politiques publiques doivent faire rimer mieux avec moins. Toute économie doit signifier une amélioration pour contrer les détracteurs qui accuseraient la sobriété d’être liberticide.
  • Les mesures justes et équitables pourraient garantir l’acceptabilité.
  • L’acceptabilité doit s’accompagner de campagnes pédagogiques pour tous les publics qui sont en mesure de comprendre, de s’impliquer et de se responsabiliser. Ce projet doit être inclusif, participatif et désirable. La convention pour le climat avait ces vertus qui ont mal été exploitées, finalement.
  • Un débat national sur les choix énergétiques et le nucléaire pourrait accélérer le mouvement citoyen dans la prise de conscience et la construction de solutions à plébisciter.
  • Des conseils locaux de la sobriété avec les collégiens, les lycéens, les citoyens, les acteurs de terrain, les élus…pourraient voir le jour.
  • L’objectif pour tous est de comprendre qu’il nous faut arriver à une société décarbonée d’ici 2050 : il faut diviser par 6 l’impact en tonnes de CO2 de chaque individu, passer de 10 tonnes en moyenne à 2 tonnes afin d’arriver en 2050 à des émissions de carbone absorbables par une nature reconstituée.
  • Pour cela il faut, à tous les niveaux de la société, apprendre à vivre et consommer différemment. Cela demande des choix structurels importants réalisés en lien avec la population ainsi qu’un accompagnement pédagogique à tous les niveaux, dans les écoles et les établissements scolaires également.
  • Les programmes doivent être proposés pour que les élèves, mais aussi la population apprennent pourquoi et comment faire évoluer leurs modes de vie et réduire la quantité d’énergie nécessaire dans le domaine des transports, de l’alimentation, du logement, des biens de consommation…
  • Les énergies alternatives ne pourront pas remplacer les énergies fossiles à la hauteur de leur utilisation actuelle. D’où la nécessité d’apprendre la sobriété, de requalifier nos besoins primordiaux, d’adapter nos comportements.
  • L’accompagnement et la sensibilisation de tous les publics pour apprendre à supprimer le superflu et revenir à l’essentiel doit être portée aussi bien par les politiques publiques (dont l’éducation nationale) que par les territoires et les associations (ex : négawatts et localement Alter Alsace Energies).

 

2. Construire de nouveaux récits et imaginaires autour de la sobriété

  • Des récits et des imaginaires sont indispensables pour construire de nouvelles représentations et se projeter dans un monde sobre. L’espèce humaine est motivée par des histoires, des contes, des légendes qui sont constitutifs des cultures et qui jouent le rôle de lien social et culturel entre les individus.
  • Rendre la sobriété désirable pour qu’elle soit choisie et acceptée (désirable) par une majorité de la population est un exercice périlleux dans la mesure où elle sera à terme subie si on ne la met pas en place dès maintenant (notamment à cause du dérèglement climatique).
  • Pour cela, des conditions favorables à la création de récits alternatifs doivent être établies (soutien aux artistes, création de lieux dédiés) afin de créer des espaces citoyens d’imagination permettant de voir advenir une société sobre, acceptée et désirable.

3. La prospective comme outil pédagogique pour se projeter dans le futur

 

  • La meilleure façon d’appréhender les impacts de la transition énergétique et écologique sur nos sociétés et nos modes de vie dans les années à venir est d’anticiper par la réflexion et l’imagination ce à quoi pourrait ressembler notre quotidien dans l’avenir.
  • La projection dans un futur désirable ou, à l’inverse, chaotique facilite la prise de conscience des menaces auxquelles nous devons faire face et des défis énergétiques, climatiques, environnementaux, économiques, démocratiques, sociétaux et culturels que nous devons dès aujourd’hui relever.
  • La prospective est aujourd’hui utilisée dans les projections climatiques pour estimer l’impact sur les milieux naturels et humains d’une augmentation de la température globale, de la fonte des glaces et d’une élévation du niveau de la mer. Elle permet de présenter des éléments contextualisés aux décideurs afin que ceux-ci engagent des actions en termes d’adaptation au changement climatique et d’orientation de leurs politiques économiques et sociales dans un sens ou dans un autre. En explorant le champ des possibles, la prospective constitue un outil d’aide à l’imagination, à la réflexion et, par l’analyse des résultats qu’elle apporte, à la décision publique.
  • La prospective citoyenne consiste à imaginer collectivement un projet de société en construisant une vision partagée et fédératrice d’un futur possible et souhaitable. Les scénarios permettent de se représenter les objectifs de réduction des consommations d’énergie par des éléments concrets de la vie quotidienne : la nature et l’origine des aliments consommés, les relations entre l’individu et son cadre de vie (bâtiments, biens matériels…) ou encore les pratiques sociales liées aux déplacements.
  • De nouvelles disciplines émergent comme les sciences du climat. Les sciences de la vie et de la terre et les sciences de l’environnement s’enrichissent et se diversifient avec l’éclairage des sciences sociales, humaines et philosophiques dans l’intérêt d’une « humanité environnementale ».
  • Des outils circulent dans le grand public : les différentes fresques du climat, du numérique, de la transition, des serious games comme « Inventons nos vies bas carbone » ou « destination TEPOS».
  • Une proposition : apposer des photos prises il y a 50 ans et celles prises actuellement et dessiner le lieu tel qu’on le rêve en justifiant les choix de chaque époque. Cette activité éclaire les participants sur leurs envies et leurs besoins.
  • Des actions dans de nombreuses villes remportent des succès. La création de lieux de débat et de paroles se multiplie. Certaines associations empruntent les codes de la « pub », ce qui leur permet de passer des messages, en douceur, pour une appropriation volontaire des enjeux.

Le débat

Questions du public 

  1. comment répondre à l’éco-anxiété latente ?
  2. éteindre l’éclairage public est dangereux pour les cyclistes !
  3. Quid de la double injonction sobriété/équipement numérique des élèves ?

Les réponses de Barbara Nicoloso

  • Pour dédramatiser il ne faut pas nier le constat mais l’expliquer, expliquer les voix d’actions, montrer l’exemple, projeter le résultat des solutions dans l’imaginaire d’une vie meilleure …
  • Il existe des systèmes de radar pour détecter le passage sous un éclairage public adapté à l’usage ; ce point est à discuter avec les élus.
  • La dissonance cognitive s’applique au numérique, c’est aux usages qu’il faut être attentif, et apprendre à privilégier les low-tech (solutions frugales en énergie) autant que possible.
  • L’urgence climatique pèse sur le régime démocratique ; la décroissance, la contrainte ainsi que la crainte de la population sont à gérer pour nos gouvernements. D’où la nécessité de s’organiser démocratiquement pour faire face à d’éventuelles pénuries. Les rationnements seront mieux supportés s’ils sont plus choisis que subis.
  • Le rationnement peut être une mesure de justice sociale. Une évolution pour de la qualité mieux que de la quantité, ceci à condition de l’organiser et de le dépoussiérer de sa connotation des années 50. L’abondance n’est pas synonyme de liberté. Le sentiment de l’infinité des ressources a promis tout (en abondance) pour tout le monde. Or les inégalités n’ont cessé de croitre.
  • Le nouvel imaginaire pour « réussir sa vie » doit réviser les indicateurs comme le PIB. La richesse ne doit pas seulement se compter en monnaie, mais intégrer les valeurs, le bonheur, le bien être, la réalisation de soi, la santé ; autant de notions qui réapparaissent depuis la crise du COVID.

Dans ses réponses comme dans sa conférence, B. Nicoloso a dégagé différents points forts et fait différentes propositions. Elle a proposé des pistes pour ceux qui veulent aller plus loin :

  • associer les enfants à une démarche participative ;
  • impliquer également les citoyens et les citoyennes à une démarche participative :
  • mettre en place des conseils locaux de sobriété ;
  • créer des instances de débats qui produisent des préconisations (à l’exemple de la métropole de Nantes)
  • organiser une formation des élus, des personnels communaux, des enseignants à la sobriété ;
  • mettre en place une méthodologie : revenir sur le passé pour mieux se projeter dans l’avenir ;
  • organiser des événements pour mettre en lumière une sobriété conviviale(et joyeuse !) : des parkings-days (utiliser l’espace des parkings pour des usages conviviaux) ou d’autres jours de fête dans la commune qui mettent en lumière la sobriété ;
  • travailler sur l’intégration, sur les différents aspects d’une société plus inclusive (les déplacements des enfants, des handicapés, des personnes âgées / l’envahissement de la ville et des rues par les voitures) ;
  • modifier l’espace public grâce à la sobriété structurelle (aménagements favorisant les déplacements à pied et les mobilités douces) ;
  • voir plus « petit », plus modeste dans l’organisation de tous les événements (exemple : 1 festival de musique pour 100 000 personnes plus énergivore que 100 festivals pour 1 000 personnes).

 

Ce qu’en pensent les participants

Barbara Nicoloso  a apporté des informations et des arguments précis, des éclairages scientifiques et historiques ainsi que des références sérieuses.

Son exposé, clair, posé et très agréable à suivre, était à la portée du public. Elle faisait preuve d’un certain charisme et d’un rien d’implication militante - celle d’une personne engagée et passionnée pour une cause utile - empreinte de retenue. Nous avons apprécié qu’elle ne limite pas son exposé aux « petits gestes »  qui impliquent les individus mais l’élargisse à l’analyse d’une nécessaire sobriété collective et solidaire qui engage des choix politiques structurels et courageux au niveau local et territorial.

Sa conférence rompait avec la sobriété « en pointillé », à court terme, dans l’objectif de «passer l’hiver» dont les médias et les politiques nous abreuvent. Elle invitait le public à se poser les questions du long terme dans la perspective du dérèglement climatique et des menaces qu’il représente pour la survie de l’homme sur la Terre et l’amenait à imaginer individuellement mais surtout collectivement des solutions qui remettent en question les normes et les structures d’organisation, de consommation, de production, de déplacement de notre société.

Nous pouvons continuer d’approfondir notre réflexion et nos connaissances par la lecture de ses ouvrages, notamment Engager des politiques locales de sobriété.

Conclusion

L’ampleur de la transition fait de la sobriété un objet autant social que technique, et pas seulement un engagement individuel limité à une série de « gestes sobres ».

Les débats sur ce qu’elle peut représenter sont souvent limités. Aussi cette rencontre a-t-elle permis de  mettre en lumière les différents aspects de ce mot tant décrié et souvent caricaturé. 

Le public en a souvent découvert la nature systémique. Il est urgent de savoir prendre en compte la sobriété dans toutes ses dimensions afin de continuer à l’explorer, de la mettre en débat, de développer ses dimensions pédagogiques afin qu’un plus grand nombre de personnes se l’approprient aussi bien dans la sphère privée qu’à tous les niveaux de notre société.

 Cette prise de conscience, cette démarche et cet engagement impliquent bien évidemment les enseignants, les éducateurs, le personnel et les parents des jeunes qui fréquentent aussi bien les établissements scolaires que tous les lieux sportifs et périscolaires qui les accueillent pour qu’une réelle éducation à l’écocitoyenneté se développe.

 

Bibliographie complémentaire

 Rapports

  • Hopkins R., Et si…on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons ?, Actes Sud, 2019
  • Kempf M., Lagadec A., Paysages de l’après-pétrole : 7 expériences européennes, Éditions Le Moniteur, 2021
  • Latour B., Où atterrir ?, La Découverte, 2017
  • Le Pacte Civique (col.), Le Choix des Sobriétés, Les Éditions de l’Atelier, 2021
  • Marcel O. (dir.), Villes et territoires de l’après-pétrole : la paysage au cœur de la transition, Éditions Le Moniteur, 2020
  • Mouvement pour une frugalité heureuse et créative, Commune Frugale : la révolution du ménagement, Actes Sud, 2022

Interview de Barbara Nicoloso réalisée après la rencontre-débat  - Capsule M2A sur YouTube :

https://www.youtube.com/watch?v=kh_187-YBn0

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Atelier du 28 septembre 2022

Construire des solutions locales

pour amplifier la transition énergétique et écologique

 

 

Mercredi 28 septembre, un atelier " Penser global et agir local ", animé par Barbara Nicoloso, était proposé de 9 h 30 à 11 h 30, à l'Aronde, de Riedisheim.

Le programme était la suite de la rencontre-débat de la veille :

  • Comprendre les enjeux énergie-climat avec ²la Frise des Transitions.²
  • Que faire à l'échelle individuelle ?
  • La notion d'empreinte carbone avec l'outil “nos vies bas carbone”
  • Comment les politiques publiques peuvent-elles accompagner les changements de comportement ?

Une vingtaine de personnes de tous horizons y ont participé : des membres de la MPM, du CDD, quelques élus du CDD, 2 cadres techniques de m2A (dans le domaine de l’énergie), ainsi que des membres d’associations et des citoyennes.

Le jeu proposé, la frise des transitions (Un siècle et demi de changement climatique, de 1870 à 1945 et de 1945 à 2020) permettait de s’interroger sur nos choix, nos renoncements possibles et d’amorcer une prise de conscience de nos besoins (rationnels ou non) à travers les ²découvertes²  et les techniques consommatrices d’énergie que nous utilisons au quotidien. Les récits et les graphiques se combinent pour mieux saisir l’imbrication entre comportements individuels et choix collectifs.

https://mres-asso.org/Frise-des-transitions

https://www.virage-energie.org/la-frise-des-transitions/

Objectifs du jeu :

  • Donner à voir en un coup d’œil l’objectif de baisse de 70% des émissions mondiales de GES en 2050 par rapport à 1990 (GIEC 2014) et de 50% entre 2018-2030 (ONU 2018)
  • Permettre d’appréhender visuellement les ordres de grandeur de la transition énergétique
  • Montrer le passé pour imaginer l’avenir

Contenu 

Cette frise couvre la période 1870-2050 et représente l’évolution des émissions de gaz à effet de serre (équivalent CO2), de la consommation d’énergie et du PIB, tout en incluant de grandes dates clés.

Les apports du jeu

En étant invités à s’interroger sur les « innovations » qu’ils garderaient et celles auxquelles ils renonceraient, les participants étaient amenés à réfléchir et à confronter leurs points de vue. Cet outil est intéressant car il permet aux joueurs de s’impliquer, leur donne matière à penser et leur permet de se projeter dans l’avenir. L’exercice mental de prospective est facilité par cet outil.

En fin de matinée Barbara Nicoloso nous a rapidement présenté le jeu : Inventons nos vies bas-carbone.

Au cours de ce jeu les « joueurs »  sont invités à envisager les efforts à réaliser pour passer de 10 à 12 tonnes de CO2 par personne à… 2 tonnes (l’objectif à atteindre en 2050 !!!).

https://www.nosviesbascarbone.org/latelier/

Cet atelier est construit  sur une vision d’ensemble inspirée de la permaculture : nous avons besoin de solutions pour le climat qui réduisent les inégalités et les pollutions et préservent la paix, la biodiversité et les sols. Les solutions abordées sont pertinentes face aux 9 limites planétaires même si nous n’en explicitons que le volet climatique. 

Les cartes intuitives et visuelles permettent en peu de temps de comprendre les enjeux liés à notre empreinte carbone, et de découvrir les ordres de grandeur liés aux réalités du quotidien (alimentation, transport, logement…). En représentant les chiffres de l’empreinte carbone moyenne en France par des cartes couleur à l’échelle, cet atelier permet une lecture simple, impactante et collective des données. La comparaison visuelle de la situation actuelle (10t CO2e/pers.) avec la cible  (<2tCO2e/ pers. d’ici 2050) entraîne une prise de conscience forte : seule une action coordonnée de grande ampleur dans tous les domaines de la société pourra permettre de respecter nos engagements.

Ces deux outils (Frise des Transitions et Inventons nos vies bas- carbone) peuvent être commandés. Ils sont exploitables dans le cadre de l’animation d’un Plan Climat Air Energie Territorial, dans un lieu d’exposition, un salon thématique, un établissement scolaire, un festival etc. 

D’autres propositions pour aller plus loin…

 

Trace rédigée par Annie De LarocheLambert,
à partir des notes de Barbara Nicoloso et de Régine Loustalot (CDD)

Ressources disponibles

  • PPT de la rencontre Télécharger le document sur la conférence débat

     

  • Photos de la rencontre :