À la rencontre des grands pédagogues : Ovide DECROLY
Rencontre
Lundi 18 novembre 2019 - de 18 h à 20 h 30
au Collège Bel Air
Ovide Decroly (1871-1932) est, avec Montessori, Freinet ou encore Steiner, l'une des grandes figures de l'Éducation nouvelle, ce mouvement de bouillonnement pédagogique né à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.
Comme dans les soirées précédentes (voir "traces" sur le site de la MPM), nous sommes partis à la rencontre de Decroly avec un petit film documentaire réalisé par Philippe Meirieu qui présente les caractéristiques fortes de la pensée et de la pratique du pédagogue belge.
Animation
Rencontre animée par Jean-Pierre Bourreau (membre du Comité d'Animation de la MPM).
Trace de Josiane Groux à propos de la rencontre avec le grand pédagogue Ovide Decroly à deux voix :
Extrait du billet de la MPM de décembre.
Lors de la rencontre avec Ovide Decroly, le 18 novembre, les échanges entre la douzaine de participants ont démarré doucement à la suite de la projection du petit documentaire réalisé par Philippe Meirieu sur le grand pédagogue belge, l’une des figures de proue de l’Education nouvelle, au début du XXe siècle. Il y fut d’abord question des deux axes forts de sa pédagogie : la prise en compte des centres d’intérêt des élèves et la démarche globale d’apprentissage dans une école dont la devise était "Pour la vie et par la vie".
Puis, assez rapidement, les participants se sont emparés de ces deux notions pour les rapporter à leurs pratiques et prendre la mesure des décalages entre les piliers de la pédagogie de Decroly et la leur, mais aussi entre leurs souhaits, leurs valeurs éducatives et la façon de les vivre sur leur terrain professionnel. Et c’est là où l’extrême diversité des acteurs et des lieux d’intervention est devenue une réelle richesse : la confrontation (pacifique et courtoise) des expériences et des points de vue a permis de mettre cette recherche de cohérence "entre engagement et lucidité" à l’épreuve des situations fort différentes des uns et des autres.
Impossible d’en rester là à la fin de la séance, à des constats encore superficiels et à des déclarations de principe : le groupe a décidé de se retrouver le lundi 16 décembre pour continuer à échanger sur ce qui est au cœur des préoccupations et des interrogations des enseignants, des éducateurs, des formateurs. »
A- Visionnage de l’un des 26 films de la série « L'ÉDUCATION EN QUESTIONS »
réalisés par Philippe Meirieu en 1999 – 2000 - 2001 :
Ovide Decroly, 1871 – 1932 La « méthode globale » : quels enjeux ? Quelles limites ?
Quelques éléments du film :
Passionné de biologie, médecin pour enfants anormaux.
Beaucoup d’enfants parlaient patois.
Partir de ce que les enfants savent faire : observer.
Deux idées fortes : centres d’intérêt et globalisation.
D’où :
- Prendre appui sur les centres d’intérêt élémentaires, constitutifs de l’homme, pour organiser l’enseignement.
- Offrir un milieu le plus riche possible.
Le maître va guider l’enfant en 3 étapes :
- Observer à l’aide des différents sens.
Dessiner ce qui est perçu.
- Découvrir l’objet :
- l’utiliser ;
- écrire son nom ;
- décrire ses sensations ;
- chercher à quelle famille il appartient.
- Communiquer :
Uniquement à partir de la réflexion des enfants,
leurs propres découvertes.
Pour Ovide Decroly : L’enfant a une vie qui est un tout. Donc, l’enseignement doit être intégré dans ce tout.
Il s’agit d’intégrer la totalité des activités dans cette vie globale de l’enfant. D’où besoins de réponses aux questions par l’observation.
L’instituteur parle, écrit. Des mots vont être reconnus par l’enfant.
On part du plus compliqué mais qui fait sens pour l’enfant. Ce qui conduit au fondamental : la lettre qui va servir pour reconstruire.
La méthode globale, c’est la bonne. La méthode globale privilégie le sens, la signification par rapport à la vie de l’enfant.
D’où le malentendu qui a appliqué la méthode en dehors du contexte de départ :
- au départ, à partir de la vie des enfants.
- ensuite, dans des phrases abstraites coupées de la vie des enfants.
Pour Ovide Decroly, de la globalisation à l’analyse.
Lire est différent de déchiffrer.
Lire, c’est percevoir des ensembles ;
Lire, c’est découper des éléments ;
Lire, c’est donner du sens.
B. Temps de pause réflexive.
Expression de chacun des participants :
- « Il n’y a pas de différence entre les enfants « normaux » et « anormaux », seulement le temps plus longs pour apprendre.
MAIS c’est aussi le temps qui permet de mieux comprendre les étapes d’apprendre. »
- « Origine de la méthode globale
Sens de la démarche (observer, dessiner, découvrir, …) Communiquer »
- « Motivation. Sens. »
- « Partir du « compliqué » mais qui a du sens »
- « L’engagement personnel »
- « Si on s’appuyait aujourd’hui sur le centre d’intérêt des enfants et des jeunes, on aurai une attirance sur les écrans, les jeux. »
- « Lien entre sa vie et l’école.
- Qu’en est-il aujourd’hui ?
- La place des écrans et de leur dangerosité.
- Centre d’intérêt des enfants. »
- « - Le lien très fort avec l’approche que je mets en place.
- La primauté du sens dans son approche
et de l’unité de la vie de l’enfant. »
- « à partir de ses centres d’intérêt
= réelle capacité de l’adulte à accompagner la démarche. »
- « Globalisation
école nouvelle. »
C. Échanges :
Partir du compliqué mais qui a du sens pour l’apprenant n’est pas habituel.
Maintenant, on part toujours de fragments qu’il faut connaître pour arriver à une tâche professionnelle (comme dans un jeu de Légo). Les élèves ne comprennent pas pourquoi ils doivent apprendre ces éléments.
Les méthodes découpent un cours, les matières, par objectifs.
Partir des centres d’intérêts des enfants demandent une réelle capacité de l’adulte à accompagner la démarche et non pas à la mettre en œuvre. Un accompagnement, c’est global.
Aujourd’hui le lien entre la vie des enfants et l’école est différent. Grande place des écrans.
Les écrans :
- offrent aujourd’hui la possibilité de travailler à la carte, mais ne peuvent pas être en totale autonomie ;
- permettent de pallier la difficulté d’écrire, la difficulté à rentrer dans les apprentissages à partir de leur addiction.
Est-ce que le numérique est devenu un centre d’intérêt « élémentaire » ?
Un constat : lorsque des jeunes rencontrent des centres d’intérêt élémentaires, ils sont perdus.
Ils ne font pas le lien avec la vraie vie.
Cela a beaucoup d’impact dans la vie professionnelle et personnelle.
Est-ce qu’un temps est consacré à : Pourquoi ils sont là ?
Est-ce qu’il n’y a pas une vision du monde à poser ?
Comment agir en face des contraintes pour pouvoir accompagner les élèves ?
Prochaine rencontre
le lundi 16 décembre à 18 h au Collège Bel-Air
autour de la question :
Comment permettre à l’enfant, à l’adolescent, de donner du sens aux activités et aux apprentissages proposés ?
Trace rédigée par Josiane GROU
Membre du CA de la MPM