À la rencontre des grands pédagogues (suite) : Maria MONTESSORI

Un atelier pédagogique

mercredi 26 septembre 2018 Collège Bel Air (210 rue de l'Ilberg) - de 17 h 30 à 19 h 30

Avec des praticiennes

La MPM reprend ses rencontres avec celles et ceux qui ont marqué l’histoire de la pédagogie, et dont les idées et les pratiques constituent un héritage incontournable pour tous les acteurs de l’éducation, de l’enseignement et de la formation. Après Célestin Freinet et Rudolf Steiner au 3e trimestre de l’an dernier, la MPM et Rezo! proposent de partir à la rencontre d'une autre grande figure de l'Education nouvelle : Maria MONTESSORI (1870-1952). Après la présentation d’un court métrage vidéo de Philippe Meirieu, les échanges entre les participant( e)s et les deux intervenantes, Isabelle Ertzer et Fanny Kunowski permettront de dégager les spécificités de la pédagogie et de son inscription dans le paysage pédagogique d'aujourd'hui. Ce sera aussi l’occasion d’interroger les raisons du succès actuel de la grande pédagogue italienne née il y a un siècle et demi..

Animation

Atelier animé par Jean-Pierre Bourreau (membre du Comité d'Animation de la MPM)

Compte rendu

A la rencontre des « grands » pédagogues : Maria MONTESSORI (1870-1952)

le mercredi 26 septembre 2018, à la Maison de la Pédagogie de Mulhousse./Collège Bel'Air

Après avoir vu le court métrage documentaire de Philippe Meirieu "Peut-on apprendre à être autononme ?", chaque participant est invité à noter une idée qui l’a marqué dans le film ou une question sur la pédagogie Montessori.

Les phrases répertoriées après le film :

  • L’enseignant : un trait d’union entre le matériel et l’enfant
  • L’enseignant est un médiateur entre l’enfant et le matériel
  • Activité calme et volontaire
  • Le bruit de la ruche
  • Apprendre à être autonome
  • L’autonomie : comment se fait le chemin vers l’autonomie ?
  • Nécessité de fabriquer des outils. Comment apprendre à se concentrer ?
  • Bienveillance/ Où acheter le matériel ?

Fanny Kunowski, éducatrice Montessori : « L’adulte propose différents matériels. L’idée du trait d’union est une notion très intéressante. Il convient de réaliser un apprentissage par matériel. Une chose après l’autre afin de permettre l’acquisition, l’assimilation. Matériel progressif, didactique. Maria Montessori a expérimenté le matériel et l’a remanié pour l’adapter aux enfants. »

« Est-ce qu’une école labellisée dispose de tout le  matériel ? »

« L’idéal est de l’avoir. Le matériel complet pour une classe s’élève à 18 000 €. Certains matériels peuvent être fabriqués soi-même, ce qui permet de comprendre la spécificité de ces matériels. La classe doit être un laboratoire avec un lien avec l’environnement extérieur. On ne décide pas pour l’enfant. »

« Actuellement, la difficulté est l’origine de la fabrication du matériel qui ne respecte pas les cotes. »

« Quand on ouvre les placards, on regarde ce qu’il y a et on essaye de voir en fonction des besoins ce qu’on peut utiliser. Comment on se place par rapport à l’enfant ? Comment on va le laisser trouver l’autonomie ? »

« Est-ce que l’enfant est naturellement autonome ?  Comment se fait le chemin vers l'autonomie ? »

« On va partir du vécu de l’enfant, on va voir ce qu’il sait déjà faire et ensuite comment je peux faire du concret. Partir du concret, faire vraiment l’expérience et si je peux le refaire. Dans un environnement préparé, l’enfant peut expérimenter parce que tout est préparé pour que l’enfant soit autonome. Tout est pensé pour être à la bonne place et que l’on retrouve facilement les choses.

Accompagner pour qu’il puisse faire et lui faire confiance. Cela nécessite un travail personnel de prise de recul de la part du professionnel, de la bienveillance et d’avoir l’élément positif pour accompagner. Avec des enfants en situation de handicap, penser que l’enfant a  son propre rythme. »

« Comment se met en place l’individualisation  du travail ? »

« Cela dépend de l’âge. A partir de 7 ans, on travaille par groupe. L’enfant apprend pour lui et après il partage avec les autres. Au départ, cela prend un certain temps  jusqu’à ce que l’enfant puisse s’intégrer dans son environnement. Intégration dans la culture et dans l’humanité. Autonomie par rapport à la culture et s’intégrer dans l’humanité. »

« La formule "aide à faire tout seul" donne l’impression que c’est de l’individuel, ce n’est pas seulement çà »

« Maria Montessori a mis aussi des choses en place par rapport au soin à la personne, se respecter soi-même. Il y a aussi la solidarité entre enfants.

Avec les périodes sensibles on est loin des programmes officiels : quand on découvre le matériel en tant qu’adulte, on se rend compte des phases qui ont été non expérimentées. Quand on accompagne l’enfant sur une longue période on se rend compte de l’intérêt de l’enfant par rapport à un matériel qui correspond à son besoin du moment.

Pour les 12-18 ans : une expérience intéressante à Nice, unique en France, qui consiste à prendre en charge une ferme pédagogique. C’est une vraie entreprise qui permet de découvrir tout un environnement, complet. »

« Y a-t-il une ludothèque ? »

« Il y a actuellement des malles Montessori. Voir le site internet pour trouver des éléments du matériel Montessori Spirit. »

« La limite qu’on trouve avec la notion « d’un seul matériel de chaque » dans une classe Ulis est la grande disparité de niveaux (enfants en situation de handicap, DYS...). Refaire des choses qu’on sait déjà faire ou se concentrer sur un nouveau matériel ? Laisser le temps à l’enfant de refaire selon ses envies. »

« Est ce que Maria Montessori est « soluble » en collège ?
Risque de décalage des périodes sensibles par rapport aux attendus. Problème avec les prémisses dans certaines classes.  Exemple de deux enfants de 12 ans qui ne maîtrisent pas la lecture, ni leur langue maternelle : utilisation de la dictée Montessori. Parfois il faut suivre deux chemins.

« Au CFA, je récupère les enfants en fin de parcours (5 ont le niveau sur 20). Le niveau des élèves : 1/3 savent lire mais ne comprennent pas ce qu’ils ont lu : des lacunes énormes sur les bases !  Un mécanicien doit être intelligent pour pouvoir comprendre et réparer. C’est dur ! Quelques enfants ont le niveau, d’autres pas du tout. »

 

Isabelle ERTZER