Persévérance scolaire : quelles stratégies pour prévenir le décrochage et favoriser la résilience en établissement scolaire ?

Le 20 mai 2016, de 18 h 30 à 21 h, École nationale supérieure de Chimie de Mulhouse (ENSCMu), 3 rue Alfred Werner

Intervenants

Fréderic NEHER : Proviseur du Lycée Ettore Bugatti d'Illzach, membre du comité de pilotage de la MLDS (Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire) de Mulhouse
Holly MANY : Pasteur, enseignant, formateur, éducateur scolaire, étudiant en Master 2 en sciences de l’éducation (spécialité ingénierie de l’intervention en milieu socio-éducatif). Membre de l’équipe de recherche du LISEC (Laboratoire Interuniversitaire de Sciences de l’Education et de la Communication de l'UHA) sur le décrochage et résilience scolaire au Lycée Ettore Bugatti

 

Le compte rendu de Jean-Pierre Bourreau (version courte)

Pour en savoir plus, voir la version détaillée.

Pas moins de 35 personnes ont participé à cette 3e et dernière rencontre-débat de la première demi-saison de collaboration entre la MPM et NovaTris, dans le petit amphi de l’École nationale de chimie mis à notre disposition par NovaTris (UHA).

La rencontre a commencé avec la présentation et l’analyse de ce qui se fait au lycée Bugatti  (lycée des métiers de l’automobile, du transport et de la logistique) en matière de lutte contre le décrochage scolaire au travers de deux expériences :

  • la mise en œuvre, depuis 2 ans, de plusieurs dispositifs pour favoriser la « persévérance scolaire » ;
  • le partenariat mis en place au début de l’année scolaire entre le lycée Bugatti et le Rectorat d’une part , le LISEC et l’UHA d’autre part, qui permet à des étudiants et des chercheurs de venir à la rencontre des élèves et des enseignants du lycée pour mieux comprendre le processus du décrochage scolaire ; en retour, les résultats de la recherche pourront contribuer à l’évolution des pratiques pédagogiques.

L’intervention a pris la forme d’un dialogue entre le chef d’établissement et l’étudiant en Sciences de l’éducation, entre l’acteur de terrain et le chercheur, entre la pratique et la théorie.
F. Neher plante d’emblée le décor : le lycée Bugatti est le lycée professionnel du district de Mulhouse qui enregistre le plus fort taux de décrochage scolaire : un élève sur 6 quitte le lycée avant d’avoir achevé son cursus, c’est-à-dire sans avoir obtenu le diplôme et sans avoir trouvé une autre solution de formation. D’une façon générale, les causes du phénomène sont liées soit au système scolaire lui-même, qui provoque du décrochage, soit à des facteurs extérieurs à l’École, d’ordre familial, social, psychologique.

H. Many présente ensuite sa grille de lecture du décrochage en termes de conflit entre le Moi et le Moi social. Quand la personne n’arrive pas à s’intégrer (dans la société, dans l’École), il y a crash ou fracas du Moi social : la personne se retrouve exclue du système. Le décrocheur est donc un élève qui vit un conflit intérieur entre son Moi et les attentes de l’institution scolaire. 
Aider cet élève passe par la résilience. C’est un processus qui permet un nouveau développement après un traumatisme psychique. C’est aussi la capacité d’un individu à s’adapter avec succès à un environnement malgré des conditions défavorables.
La suite de l’intervention montre comment les différents facteurs de résilience sont à l’œuvre dans les actions mises en place au lycée Bugatti pour prévenir le décrochage.
F. Neher le précise : les solutions doivent être, comme les causes, multiples.

D’où les 4 axes de travail déclinés en 20 à 30 dispositifs :

  • la manière d’accueillir les élèves
  • la manière de les accompagner
  • l’enseigner autrement
  • l’amélioration du climat scolaire, donc du vivre ensemble.

D’abord, l’accueil des élèves, avec le sas. C’est un système d’affectation décalée : à leur arrivée au lycée, les élèves sont affectés sur un CAP indifférencié et les 7 premières semaines leur permettent de choisir parmi les 5 CAP auxquels prépare le lycée. Ce dispositif permet à la fois aux élèves de choisir leur filière en connaissance de cause et aux équipes éducatives et pédagogiques d’avoir une meilleure connaissance des élèves.
H. Many fait alors le lien avec la notion de résilience : le sas correspond bien aux indicateurs de résilience que sont la rencontre, la médiation et l’interaction.
Dans la foulée, H. Many évoque d’autres dispositifs qui sont autant de vecteurs de résilience, notamment le projet « R4 Trophy » qui permet de développer la coopération, l’inclusion et l’estime de soi : il s’agit de remettre à neuf une carcasse de R4 ; et cette voiture va être utilisée pour des objectifs humanitaires au Maroc : c’est un projet qui est, à lui seul, emblématique du processus de résilience.
Dans les dernières minutes, F. Neher évoque l’axe 2 : Accompagner les élèves, à partir des parcours aménagés : il s’agit d’adapter le parcours de formation de l’élève à son profil, en fonction de ses difficultés, vers une solution alternative. La mise en place de ces parcours aménagés est rendue possible par le recours à une palette de dispositifs spécifiques succinctement évoqués.
H. Many conclut sur la complexité du processus de résilience qui peut évoluer au cours d’une vie. La première qualité de l’accompagnateur, du pédagogue est de croire dans la personne comme sujet irréductible et digne de respect. A l’image de la R4, la résilience c’est ce qui permet de construire quelque chose à partir de ce qui a été brisé.
Au lycée Bugatti, depuis que ces dispositifs ont été mis en place, le décrochage diminue progressivement et le climat scolaire s’améliore.
Comme les fois précédentes, les réflexions en petits groupes ont transformé l’amphi en ruche bourdonnante et ont préparé les échanges entre les intervenants et les participants à une rencontre qui a bien montré la place de la pédagogie dans la lutte pour la « persévérance scolaire » des élèves, mais aussi des enseignants.


>>> Pour en savoir plus sur cette rencontre-débat, voir la version détaillée.
Jean-Pierre Bourreau
membre du comité d'animation

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