À la rencontre des grands pédagogues (suite) : Paolo FREIRE

Rencontre

Lundi 27 mai 2019 de 18 h à 20 h à la Maison des associations de Bourtzwiller (62 rue de Soultz, parking en face).

"Pourquoi apprendre à lire ?"

Voilà maintenant un an très exactement que la MPM propose de se retrouver chaque mois pour "rencontrer" un pédagogue qui a marqué l'histoire de l'éducation et dont le nom résonne encore bien au-delà de l'époque et du pays où ils ont vécu.

Le pédagogue brésilien Paulo FREIRE (1921-1997) est une figure emblématique du patrimoine mondial de l'éducation. Son ouvrage Pédagogie des opprimés est une référence incontournable pour toutes celles et ceux qui font de l'alphabétisation la condition sine qua non de l'émancipation. Nous le rencontrerons grâce au petit film documentaire de Philippe Meirieu, avec cette question : "Pourquoi apprendre à lire ?"

La question peut apparaître naïve, et la réponse aller de soi. Le film permet surtout de découvrir comment P. Freire et ses continuateurs s'y prennent pour faire accéder les populations défavorisées à la lecture et à la prise de parole.

Les échanges entre participants permettront aussi de se demander ce qu'une telle démarche d'apprentissage peut apporter à la pratique et à la réflexion pédagogiques de chacun.

Animation

Rencontre animée par Jean-Pierre Bourreau, membre du Comité d'Animation de la MPM.

La trace d'Amory Glantzmann

Nombre de personnes présentes : 7

Projection d’un documentaire de 13 minutes de Philippe Meirieu sur Paulo Freire : « Pourquoi apprendre à lire ? ».

Paulo Freire est l’un des pédagogues les plus connus au monde, mais il a aussi eu un profond engagement politique en étant une des figures de proue de la résistance contre la dictature au Brésil dans les années 1960.

Ce Brésilien est né en 1921. Il a suivi une formation de droit, puis a passé un doctorat en éducation et il s’est spécialisé dans l’alphabétisation des adultes. En 1963, il a coordonné une campagne nationale pour l’alphabétisation. En 1964, le coup d’Etat au Brésil le pousse à l’exil et il va ainsi développer ses activités universitaires et son engagement pour l’alphabétisation dans le monde, particulièrement dans des pays d’Afrique. Avec le retour de la démocratie en 1985, il devient secrétaire national de l’éducation. Il meurt en 1997.

Freire a écrit un livre « Pédagogie des opprimés » pour sortir les individus de leur oppression. C’est à partir de leurs paroles sur leur situation que les individus peuvent apprendre. Il invente une méthode permettant la maitrise de la lecture et de l’écriture en 30 heures. Le formateur va ainsi s’immerger avec les personnes avec lesquelles il travaille, puis identifier des mots ou des expressions faisant office de catalyseurs pour les personnes du groupe de travail afin de les alphabétiser. A partir de ces mots, les personnes vont découvrir et imaginer une histoire (faisant écho à leur vécu ou alors inventée) et davantage s’approprier une langue. Un des outils que Paulo Freire utilise pour développer la parole est le photolangage.

Pour Freire, apprendre à lire et écrire n’est pas réservé à des minorités mais doit être accessible à tous et permet de contribuer à faire changer le monde : la pédagogie de Paulo Freire est une pédagogie de l'émancipation et de la libération.

Aujourd'hui, Paulo Freire est considéré comme l'un des initiateurs de ce que l'on appelle les "pédagogies critiques" :

http://theconversation.com/connaissez-vous-les-pedagogies-critiques-114771?utm_source=facebook&utm_medium=facebookbutton

Echanges entre les personnes présentes

Il a été demandé aux participants d’écrire sur une feuille de papier une idée retenue du documentaire ; ce qui a donné le résultat suivant :

• partir de l’expérience de l’apprenant
• désopprimer
• éduquer en partant de ce que sont leurs propres histoires, de ce que vivent les personnes
• la relation apprenant et enseignants : les outils/supports
• un mot, des mots
• alphabétisme différent d’alphabétisation
• s’appuyer sur le savoir des élèves pour construire 30 h pour apprendre à lire et à écrire par identification de mots catalyseurs

Les participants ont réfléchi et rebondi sur ces mots et ces formules.

Certains participants ont posé des questions inspirées par le documentaire et donnant lieu à des échanges, comme :

• l’envie d’apprendre de ces adultes n’est-elle pas un facilitateur dans cette pédagogie ?
• l’envie de lire et d’écrire est-elle la chose la mieux partagée au monde ?
• quelle est la meilleure pédagogie en lecture ?

Les idées de « photolangage », « pouvoir du mot pour refaire le monde », « conscientisation des opprimés », « reformulation avec son propre vocabulaire », « problèmes des élèves qui ne comprennent pas les consignes », « confiance en soi », « envie et motivation des personnes » ont été notamment abordées.

Un certain nombre de participants ont évoqué des exemples de situations rencontrées sur leur lieu de travail faisant écho aux idées discutées durant cette soirée.

Le groupe a décidé de se retrouver le lundi 17 juin pour échanger sur les pratiques des participants autour de la question : Comment je fais avec des élèves, des jeunes, des personnes qui n'ont pas envie d'apprendre ?

Amory Glantzmann – juin 2019